«Les études le montrent: 2023 sera une année où l’augmentation des salaires sera conséquente dans beaucoup de branches.» Laurent Vacelet, directeur pour la Suisse romande de ManpowerGroup, se fait porteur de bonnes nouvelles ce lundi matin, en visioconférence.
L’enquête du spécialiste des solutions en ressources humaines sur les perspectives d’emploi pour le 4e trimestre de l’année 2022 vient tout juste de sortir. Et les perspectives sont réjouissantes, même si légèrement en recul par rapport aux trois précédents pointages.
Un enthousiasme non dissimulé qui fait du bien, alors que le tissu économique est ébranlé par l’inflation et la guerre en Ukraine. Concrètement, plus de 500 employeurs helvétiques de onze secteurs d’activité différents ont été interrogés. Et, à part dans celui de la banque, finance, assurance et immobilier où un repli de l’emploi est enregistré, l’optimisme reste de mise.
Le boum du secteur de l’énergie
Plongeons-nous dans les détails. Au total, 36% des entreprises du pays prévoient d’embaucher du personnel et 16% envisagent de licencier. La prévision nette d’emploi ajustée qui en résulte — 21% — s’inscrit dans la lignée des perspectives supérieures à la moyenne cette année.
«Avec une augmentation de 21 points par rapport au précédent trimestre, ce sont surtout les employés du secteur primaire qui profitent de cette évolution positive, amorce Laurent Vacelet. Les perspectives d’emploi sont également exceptionnelles dans le secteur Production et transformation, avec un pic à 34%.»
Toujours d’après le directeur romand de ManpowerGroup, ces résultats pourraient s’expliquer par une planification anticipée des employeurs afin de mieux réagir aux pénuries d’approvisionnement. Fait notable: alors que le prix de l’énergie fait actuellement couler beaucoup d’encre, Laurent Vacelet relève que le secteur est en plein essor: les spécialistes du photovoltaïque sont aujourd’hui particulièrement recherchés.
Attirer la nouvelle génération
L’étude montre en outre que 37% des entreprises interrogées souhaitent engager des collaborateurs capables de soutenir les améliorations en matière d'environnement. Mais ce n’est pas tout: 34% d’entre elles recherchent des spécialistes susceptibles de développer la gouvernance et 33% des talents aptes à faire progresser les aspects sociaux tels que la sécurité, la santé, la diversité ou l’engagement social.
«De nombreux employeurs disposent désormais de programmes ESG (ndlr: programmes environnement, social et gouvernance), rebondit Laurent Vacelet. Ceux-ci ont été avant tout introduits pour réduire les coûts, se conformer aux réglementations ou se bâtir une réputation.» Il enchaîne, sur ce dernier point: «On sait maintenant avec certitude que la nouvelle génération est beaucoup plus sensible à ces thématiques que ses aînés et que ces programmes sont des investissements nécessaires pour l’attirer au sein de son entreprise.»
Les salaires augmenteront
Des efforts suffisants pour recruter la main-d’œuvre désirée? «Il y a aujourd’hui un décalage entre l’offre et la demande, analyse le directeur. Les employeurs doivent donc être toujours davantage attractifs pour y parvenir. Cette course passera aussi par des augmentations de salaire.»
Quelle revalorisation peut-on espérer à court terme? «Selon les études et la littérature sur le sujet et au vu de l’inflation, il faudrait des augmentations de 2 à 5%, estime encore Laurent Vacelet. Bien sûr, cela dépend des secteurs d’activité. Mais la tendance est claire.» Rendez-vous en 2023!