Sandra, assistante RH, 3700.- par mois
«Je devais choisir entre me prendre un café ou prendre le bus pour rentrer chez moi»

Sandra Graf travaille comme assistante RH. En raison d'une maladie, elle est employée à temps partiel. Pour Blick, la jeune femme a accepté de dévoiler ses revenus et parle de sa situation financière dans un contexte d'inflation galopante.
Publié: 09.01.2024 à 09:42 heures
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Dernière mise à jour: 10.01.2024 à 14:31 heures
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Sandra Graf travaille comme assistante RH. En raison d'une maladie, elle est employée à temps partiel.
Photo: Keystone
Katrin Reichmuth («Beobachter»)

Sandra* travaille à temps partiel comme assistante RH. Après des études de commerce, elle est passée d'un boulot à l'autre, souvent sans le vouloir. Ses emplois l'ont menée de Berne aux Grisons, en passant par Zurich, mais aucun ne lui convenait vraiment.

Il y a presque dix ans, elle a reçu le diagnostic de troubles de la perception. Elle a reçu une aide financière de l'AI, avec une rente partielle et depuis deux ans avec une rente complète. Aujourd'hui, elle travaille quatre heures chaque matin. Voici sa situation financière:

Revenus

«Je reçois 3700 francs chaque mois, qui comprend mon salaire de 1390 francs – qui a été réduit en raison ma capacité de travail diminué à cause de ma maladie –, une rente AI de 1170 francs et une assurance-vie de 1140 francs.»

Logement

«J'habite seule dans un appartement de deux pièces. L'immeuble a été construit dans les années 70 et rénové l'année dernière. Le loyer s'élève à 1470 francs, auquel s'ajoutent des charges mensuelles de 300 francs. L'assurance ménage et l'assurance responsabilité civile privée me coûtent 250 francs par an.»

Téléphone, Internet et abonnements

«Je paie 70 francs par mois pour mon abonnement téléphone et Internet. À cela s'ajoutent 35 francs d'abonnements divers, comme ceux que je paie pour avoir Adobe Reader, CCleaner, la suite Microsoft Office et Google Photos. Et comme je reçois une rente AI, je paie également 335 francs de redevance Serafe par an, bien que je n'aie pas de télévision.»

Santé

«Je paie chaque mois 420 francs pour l'assurance maladie (assurance de base et complémentaire) et j'ai la franchise la plus basse possible: 300 francs. J'ai également un implant contraceptif qui me coûte 450 francs tous les trois ans.»

Mobilité

«Je n'ai pas de voiture ni de vélo. Depuis plusieurs années, j'ai un abonnement général pour les transports publics, ce qui me permet de rendre à Zoug, ou à Zurich pour voir ma psychologue. Je bénéficie aussi d'un tarif réduit réservé aux bénéficiaires de l'AI. Cela me donne un sentiment de liberté.»

Alimentation

«J'ai un budget de 500 francs par mois pour l'alimentation. Pour faire des économies, je repère à l'avance les promotions de la semaine et je n'achète presque que des produits M-Budget ou en promo, par exemple les aliments dont la date de péremption approche. Je mange de la viande deux fois par semaine, pas plus, et j'achète des produits d'hygiène chez Aldi ou Lidl. Je ne bois pas, sauf à Noël ou pour les anniversaires, et je ne fume plus. Mais comme mon copain, lui, continue, il m'arrive de prendre des chewing-gums à la nicotine.»

Repas hors du domicile

«Je mange trois fois par semaine au bureau. La plupart du temps, j'achète un sandwich, ce qui me coûte environ 150 francs par mois, auquel s'ajoutent 20 francs quand je prends un café à emporter. De temps en temps, je commande via l'application «Too Good To Go» parce que certains plats sont proposés à prix réduit, sinon ils sont jetés. Ça me coûte environ 30 francs par mois, et comme ça, je n'ai pas à cuisiner tous les jours. Mais sinon, je ne mange que très rarement à l'extérieur.»

Vêtements

«Ma cousine me donne de temps en temps des vêtements. Je flâne aussi dans les brocantes et j'achète en ligne. Chaque année, je dirais que j'achète en moyenne trois t-shirts, deux pulls et une paire de chaussures. Mon dernier achat, ce sont des chaussures de trekking à 90 francs. Pour moi, les vêtements et les chaussures doivent avant tout être pratiques et multifonctionnels. Le style est vraiment secondaire. Au total, je dépense 300 francs chaque année pour m'habiller.»

Loisirs

«Je fais du piano et j'aime apprendre de nouvelles chansons. Mais comme les leçons sont chères, j'utilise l'application Simply Piano, ce qui me coûte 110 francs par an. J'ai aussi un budget moyen de 150 francs par an pour m'offrir un petit concert, une représentation théâtrale ou une sortie au musée. J'aime également faire du sport, mais malheureusement les centres de fitness sont trop chers pour moi. Alors je fais des exercices de fitness à la maison grâce à une application qui me coûte environ 70 francs par an.»

Vacances

«En vacances, je me rends soit dans les Grisons ou j'ai grandi, soit je reste chez moi. Ça me permet de faire un break et de me reposer. De temps en temps, je passe aussi quelques jours à Lucerne pour voir des amis. Et tous les quatre ou cinq ans, je m'offre un séjour de quelques nuits en Allemagne ou en Italie. Je prévois environ 325 francs par an pour ça.»

Prévoyance vieillesse

«Je ne peux malheureusement pas être affilié à la caisse de pension de mon employeur, car mon taux d'occupation et mon salaire sont trop bas. Et je n'ai pas assez d'argent pour un troisième pilier.»

Impôts

«L'année dernière, j'ai payé 3750 francs d'impôts. Quasiment tout mon salaire y est passé ce mois-là.»

Dons caritatifs

«Même si je compte mes sous, il est important pour moi de faire preuve de générosité. Je donne environ 270 francs par an à diverses organisations caritatives, par exemple la Fondation Suisse de Cardiologie (20 francs), Suisse Rando (70 francs), l'association de quartier (20 francs), le Club Alpin Suisse (100 francs), la Rega (40 francs) et le Centre suisse d'appels pour animaux (20 francs).»

Economies

«Je regarde si c'est possible chaque mois. Sur mes deux comptes d'épargne, j'ai réussi à économiser 7000 francs. Ma mère m'a toujours dit de mettre trois mois de salaire de côté, en cas d'urgence. Ça permet de payer une grosse dépense, ou d'avoir un revenu de secours en cas d'arrêts de travail. Grâce à mes anciennes indemnités journalières de maladie et grâce à ma famille, j'ai pu me constituer un solide matelas financier.»

Comment est-ce que je ressens l'inflation?

«Les prix des denrées alimentaires ont augmenté et l'abonnement général est également devenu plus cher pour les bénéficiaires de l'AI. Du coup, au lieu de me payer trois cafés par semaine, je n'en prends plus qu'un seul. Il n'y a pas si longtemps, je devais choisir entre prendre un café à emporter ou prendre le bus pour rentrer chez moi. Mais c'est du passé. Aujourd'hui, je suis financièrement indépendante et j'en suis ravie. Je ne manque vraiment de rien.»

*Le nom a été modifié.

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