Un notable vaudois, ancien syndic du village de Signy-Avenex, a été condamné lundi à quatre ans et demi de prison à Nyon. Il a été reconnu coupable d'avoir détourné près de 13 millions de francs dans le cadre de ses activités de gestionnaire de fortune.
Le Tribunal correctionnel de La Côte a estimé que la culpabilité du prévenu était «très lourde» lui qui a multiplié, une décennie durant, les malversations au préjudice notamment de fondations caritatives et de personnes dont il était le curateur.
Adepte d'opérations risquées sur options, dont il savait «le caractère hautement spéculatif», il n'a cessé de vouloir «se refaire», ne faisant en réalité que «creuser des trous», a relevé le président de la Cour. «Vous avez joué avec l'argent de vos mandants, vous vous êtes servi dans leur porte-monnaie», a-t-il résumé.
Le désormais sexagénaire n'a certes pas mené «grand train» avec cet argent, mais il s'en est servi pour rembourser des tiers et pour «payer ses propres factures» ou celles de membres de sa famille.
Des victimes vulnérables
Décrivant les «stratagèmes» du financier, la Cour a aussi dénoncé le caractère «détestable» de son mode opératoire. Il a puisé dans les fonds de deux fondations caritatives dont il avait la gestion, mais a aussi profité de clients «vulnérables», personnes âgées, malades ou placées sous curatelle. Des familles «spoliées» dont il était proche et qu'il a trompé durant plusieurs années.
L'ex-syndic, ancien membre également de la direction de l'association intercommunale Région de Nyon, a profité de son statut de «notable» pour gagner la confiance de ses victimes, a ajouté le Tribunal.
Déjà 200 jours purgés
Pour ces faits, il a été condamné à 4,5 ans de prison pour gestion déloyale, abus de confiance, faux dans les titres et blanchiment d'argent. La peine est déduite des 200 jours déjà purgés en détention provisoire. Elle est aussi légèrement plus clémente que celle requise par le Ministère public, qui avait demandé 5 ans.
Avocat du prévenu, Rolf Ditesheim n'a pas souhaité commenter ce verdict. Il a dit attendre le jugement écrit avant de se prononcer sur la suite, notamment sur un éventuel appel.
A noter finalement que le prévenu a adhéré aux conclusions civiles des parties plaignantes. Le Tribunal correctionnel a, par ailleurs, prononcé une créance compensatrice de 8,5 millions de francs. Le président a reconnu que ce montant ne pourrait «certainement pas être remboursé», mais que le Tribunal se devait de montrer que «le crime ne paie pas.»