Faire un pas de côté pour mieux voir le monde, telle pourrait être la définition de l’artiste selon Alix Henzelin. Pour la jeune comédienne et humoriste protéiforme, être artiste n’est pas un choix de carrière, mais une manière de regarder le monde.
Alix n’a pas grandi dans un milieu artistique, mais, très tôt, l’humour a fait partie de son quotidien, comme une philosophie héritée notamment de sa mère, qui l’utilisait pour affronter les difficultés de la vie et des drames traversés.
Le pouvoir de l'art
Cette distance par le rire est devenue son outil, sa façon de transformer le réel. C’est Raymond Devos qui disait cela: «Du moment qu’on rit des choses, elles ne sont plus dangereuses.» C’est aussi pour mieux comprendre le monde que cette brillante étudiante décide d’enchaîner un master en droit (qu’elle est sur le point de boucler) juste après ses études de théâtre à la Manufacture de Lausanne.
Rapidement toutefois, une évidence s’impose: Alix ne veut pas sacrifier son temps à «remplir un rôle social» et veut s’engager dans quelque chose qui la rend heureuse. Elle choisit alors la comédie, guidée par le désir de rester «inclassable». Cette liberté revendiquée résonne avec sa définition première de l’acte artistique, celui du pas de côté à faire pour observer la société et en révéler les contradictions.
L’art devient alors un prisme à travers lequel tout peut être transformé: une douleur personnelle, une observation sociale, la cruauté d’une actualité ou même une expérience banale du quotidien. Si la précarité et l’incertitude font partie du métier, Alix ne s’y attarde pas. Ce qui compte, c’est de trouver de la joie, même dans les «seconds rôles» ou les projets alimentaires, et d’en faire de la matière artistique.
Elle voit l’humour comme un terrain de jeu universel, une manière de relier les gens et de partager une vérité commune à travers le rire. Sa vocation, loin d’être innée, vient plutôt d’une conviction intime: l’art est un moyen de transformer la douleur en comédie, de créer du lien et de vivre plus librement.
Cet article a été publié initialement dans le n°41 de «L'illustré», paru en kiosque le 9 octobre 2025.
Cet article a été publié initialement dans le n°41 de «L'illustré», paru en kiosque le 9 octobre 2025.