Meurtre de Sainte-Croix
Qui était «Paulet», le Vaudois dont le cadavre a été retrouvé mutilé dans la Saône?

Victime d'un crime atroce, il aurait eu un litige avec la suspecte, qui n'aurait pas réglé son loyer. Actif en politique locale et bernoise, l'homme avait été exclu de son parti, le PLR, notamment en raison de son combat anti-éoliennes, qui durait depuis 20 ans.
Publié: 16:46 heures
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Sur le groupe Facebook «T'es de Ste Croix si», des photos de la victime ont circulé lorsqu'il était porté disparu.
Photo: Facebook
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Myret ZakiJournaliste Blick

Le village de Sainte-Croix (VD) est encore secoué par la mort tragique de l'un des leurs. Surnommé depuis toujours «Paulet», l'homme de 75 ans a été victime du crime le plus sordide qu'ait connue, de mémoire, cette paisible commune.

Le 1er novembre, son cadavre a été trouvé au bord de la Saône dans le petit village de Fédry (F), sectionné en deux, brûlé et mutilé. Les jours précédents, sur le groupe Facebook «T'es de Ste Croix si», des photos de la victime avaient circulé alors qu'il était porté disparu. C'est sa nièce qui a alerté la police le 31 octobre, n'ayant plus de nouvelles de son oncle.

Loyers non payés?

Son ex-locataire, une Française de 39 ans dont le voisinage et différents employeurs ont évoqué les accès de colère dans la presse romande, est soupçonnée du meurtre. Elle a été arrêtée à la douane de l'Auberson le 2 novembre par une patrouille de gardes-frontière, alors qu'elle aurait tenté de fuir pour la Côte d'Ivoire, son pays d'origine. Elle est, depuis, en détention provisoire et présumée innocente. 

Ce vendredi 7 novembre, au Latino Bar de Sainte-Croix, près de la gare, nous rencontrons quelques anciens amis du défunt. Certains d'entre eux, proches de la victime, croient savoir que le litige entre lui et sa locataire était lié au fait «qu'elle ne payait pas ses loyers» et que c'est la raison pour laquelle il l'a «mise dehors» ou «allait le faire». Ils se demandent en outre «si elle a agi seule, car Paulet était costaud, il pesait 95 à 100 kg, pour 1,80 m».

Exclu du PLR

A Sainte-Croix, la victime était loin d'être un inconnu. Résident du Château, un hameau proche du village, l'homme était impliqué dans de multiples associations. Ce polymécanicien, qui a travaillé des années chez Sulzer, à Bâle, était encore actif comme mécanicien bénévole au Musée de l'aviation militaire à Payerne. Egalement impliqué dans le monde sportif, il a été président du Marathon des Races (MARA), une course de ski de fond qui a lieu chaque année à Sainte-Croix. ll avait par ailleurs exercé, durant de longues années, des mandats d’assesseur auprès de la justice de paix, dans le domaine des tutelles.

Sa passion, durant des décennies, s'est surtout portée sur la politique. Ses amis nous racontent comment ce septuagénaire a été conseiller communal de longues années, sous l'étiquette du Parti Radical d'abord, puis au PLR. Il siégeait encore au conseil de Sainte-Croix en 2022. Dernièrement toutefois, il se serait fâché avec ses camarades de parti. De fortes divergences d'opinion auraient entraîné son exclusion de la formation. «Il avait son caractère», admettent ses amis, «et de fortes convictions». 

Pas fan de l'éolien et de la 5G

Parmi celles-ci figurait son combat contre les éoliennes. «Paulet» s’était engagé pendant plus de 20 ans contre les projets de parcs éoliens dans la région de Sainte-Croix, comme le rappelle une nécrologie qui lui est consacrée par l'association Paysage Libre Suisse. Il s'était, en outre, opposé à la pose d'antennes 5G près de chez lui. 

Invité fréquent dans la salle des pas perdus du Palais fédéral à Berne, il était conseiller d'Olivier Français, ancien conseiller national PLR. Contacté par Blick, Olivier Français nous fait part de son «choc», alors qu'il vient d'apprendre la tragédie seulement ce vendredi à midi. «Le personnage était très entier, c'était un technicien hors pair dans la mécanique de précision, très reconnu, pas seulement dans le milieu industriel suisse, mais aussi en France voisine.»

Concernant les divergences tardives qu'il a pu avoir avec le PLR, l'ancien député national confirme que, par ses prises de positions, le défunt avait pu susciter certaines animosités. «En effet, il n'aimait pas les éoliennes, et il existait quelques divergences au sein même des forces politiques de Sainte-Croix. Mais c'était un homme qui avait toujours le sourire. Cela est terrible de savoir qu'il a connu cette fin tragique, car il n'avait pas d'agressivité, même s'il pouvait avoir un vocabulaire un peu rude.»

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