A Genève, le Grand Conseil a adopté jeudi soir deux lois portant sur le déclassement de zones villas en vue de construire du logement. La gauche a annoncé le lancement d'un référendum concernant Seymaz-Sud, à Chêne-Bourg.
«Le logement est un droit. Rare, le terrain doit bénéficier à toute la population», a déclaré la socialiste Caroline Renold, rapporteuse de minorité. En cause, le déclassement par la majorité de droite d'un périmètre au lieu-dit Seymaz-Sud, à Chêne-Bourg, en zone ordinaire. Ce qui implique la construction de logements au prix du marché, «bien trop chers pour plus de la moitié de la population», a-t-elle dénoncé.
«De la poudre aux yeux»
«La zone ordinaire résulte d'un consensus politique et local. Elle évite les blocages», a défendu le rapporteur de majorité Geoffray Sirolli, du PLR. Et de relever qu'une motion, également votée jeudi soir par la droite, prévoit qu'un plan localisé de quartier (PLQ) devra être établi pour l'ensemble du périmètre afin d'avoir une planification cohérente.
«Cette motion est de la poudre aux yeux, un cadeau aux propriétaires. Le PLQ permet de retarder les autorisations de construire, mais elles seront délivrées», a fustigé Matthieu Jordan, du PS. Le Vert David Martin, rapporteur de seconde minorité, ne croit pas non plus au futur PLQ, qui impliquerait que les propriétaires des 57 parcelles tombent d'accord en vue d'une convention.
«Recettes fiscales»
Les feux ont été nourris alors que la droite a perdu un scrutin sur le logement coopératif dimanche et que la campagne électorale visant à désigner un successeur au conseiller d'Etat Vert Antonio Hodgers, en charge du Département du territoire et absent lors du débat, bat son plein. La gauche a tancé la spéculation, tandis que la droite a vilipendé une vision communiste du logement.
«La zone de développement permet de répondre à l'intérêt général avec un tiers de logements d'utilité publique et un tiers de locatif, tandis que le promoteur est libre de faire ce qu'il veut du tiers restant mais au moins 20% de propriété par étage», a rappelé M. Martin. «Chêne-Bourg a besoin des recettes fiscales de riches habitants pour soutenir les équipements publics», a plaidé le centriste Sébastien Desfayes.
Unanimité aux Corbillettes
Le déclassement de la zone villas des Corbillettes, à Vernier, en zone de développement a, lui, été voté à l'unanimité. Le Conseil d'Etat voulait y construire 1500 logements. Mais face à la menace d'un déclassement en zone ordinaire, voulu par la droite et les propriétaires, il a trouvé un compromis portant sur 500 logements et un périmètre réduit, a rappelé M. Desfayes, rapporteur de majorité.
«La tentative de déclasser en zone ordinaire, afin d'enrichir les propriétaires et les promoteurs, a fait perdre onze ans et amputé le projet de 1000 logements», a critiqué Mme Renold. En vain, elle a demandé un renvoi en commission pour revenir au texte initial. Afin de ne pas retarder davantage le projet, la gauche a finalement soutenu le texte.