La victime a lutté avant de mourir
Les experts de retour à la barre au procès de la plume à Genève

Les experts médico-légaux ont témoigné à nouveau mardi au procès de l'affaire de la plume à Genève. Ils ont réaffirmé que la victime avait lutté avant de mourir et exprimé des réserves sur la vidéo de reconstruction présentée par la défense.
Publié: 18:58 heures
Partager
Écouter
La folle affaire de la plume agite le tribunal à Genève.
Photo: KEYSTONE
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse

Les experts du Centre universitaire romand de médecine légale ont témoigné mardi pour la seconde fois à l'affaire dite de la plume à Genève. Ils ont été suivis par un psychiatre français, mandaté par la défense, qui a dit comprendre le mensonge du prévenu.

Selon les lésions retrouvées sur le corps de la victime, décédée en 2016, celle-ci a lutté avant de mourir, ont à nouveau affirmé les médecins-légistes, mardi à la barre. Ils ont également émis quelques réserves vis-à-vis de la vidéo de reconstruction de l'acte sexuel, apportée par la défense à titre privé. L'actrice ne bougeait pas assez, ne s'est pas défendue, et le temps d'asphyxie n'était pas assez long par rapport à leurs analyses.

Mentir par «grande pudeur»

Pour rappel, l'ancien notaire septuagénaire se retrouve en procès pour la troisième fois. Il a d'abord été condamné pour meurtre en 2022, notamment à cause de la plume retrouvée dans les bronches de sa femme, alors qu'il affirmait qu'elle était décédée de cause naturelle.

Il avait ensuite changé de version un mois avant son procès d'appel en 2023, avouant qu'elle était décédée lors d'une asphyxie érotique. Il avait reconnu avoir menti pendant 7 ans par «grande pudeur». La Cour genevoise l'avait alors condamné pour homicide par négligence, descendant sa peine de 13 à trois ans de prison. Une décision annulée par le Tribunal fédéral, qui a renvoyé l'accusé devant les juges, leur demandant d'approfondir certains points.

Expert privé

«Nous avions un amour fantastique et intense, que je n'avais jamais connu auparavant», a soutenu le prévenu, mardi matin face à ses juges. Interrogé par ses avocats Yaël Hayat et Guerric Canonica, il s'est décrit comme un homme fidèle, jamais «coureur de jupons». Il s'est dit «fâché» que le Ministère public puisse insinuer qu'il y aurait eu une dispute la nuit du décès de sa femme.

«C'est l'homme le moins impulsif du monde», a affirmé le psychiatre français Paul Bensussan, un des experts privés mandatés par la défense, qui a vu le prévenu lors de trois entretiens. Ce dernier changera de version entre le deuxième et le troisième rendez-vous.

Même si le mensonge est au cœur de cette affaire, «je maintiens que leur belle relation m'a l'air sincère», a-t-il soutenu. Il a notamment été interrogé par le Ministère public sur son premier rapport, où il notait déjà la sincérité apparente du prévenu, lorsqu'il lui racontait sa première version des faits. Le psychiatre a aussi mentionné la «rareté» du rapport police, qui relate une relation «complice» entre les époux.

Score de psychopathie

Le psychiatre a aussi affirmé comprendre le mensonge et sa longue durée. Et de relever que le prévenu était maintenu par la honte d'une telle pratique sexuelle et la peur de se retrouver seul en révélant son mensonge, alors qu'il recevait beaucoup de soutien de son entourage.

L'expert a ajouté que le prévenu avait «le score de psychopathie» le plus bas qui soit. Pour compléter la ronde des experts, les généticiens passeront à la barre mercredi, avant les plaidoiries.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus