Jeunes et audacieuses 9/11
Pour Maud Paquis, la musique est une résistance

Chacune et chacun en a rêvé. Monter sur scène, vivre de son art, devenir une star. Puis une poignée de personnalités décident de franchir le pas: être artistes! Qu’elles soient chanteuses, comédiennes, humoristes ou danseuses, 11 Romandes racontent. Notre série.
Publié: 12:40 heures
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Maud Paquis est une Lausannoise de 25 ans.
Thomas Lécuyer

Ancienne élève du Conservatoire de Lausanne, Maud Paquis estime n’avoir jamais fait partie des prodiges, de celles et ceux qui ont déjà une voie toute tracée par leur talent inné pour la pratique d’un instrument. «Cela peut d’ailleurs être lourd à porter de voir son destin écrit par un talent particulier, qui nous monopolise.»

Elle pratique le piano, fascinée par ses professeures et par l’univers des concerts. Les comédies musicales qu’elle découvre enfant la marquent aussi profondément: sur scène, elle voit un monde magique auquel elle rêve de participer. Pourtant, longtemps, elle garde ce désir secret, persuadée que «ce monde n’était pas pour [elle]».

Chaque concert est une victoire

Elève sérieuse et appliquée, elle pense faire tout autre chose et se diriger vers un chemin universitaire et une carrière plus académique. Mais la musique résiste en elle. Au gymnase, elle commence à écrire ses premières chansons et à monter sur scène. Chaque passage, chaque petit concert est vécu comme une victoire intime.

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C’est là que l’envie prend le dessus: écrire, chanter, oser se projeter. L’idée d’en faire un métier reste encore lointaine, mais l’appel est déjà trop fort pour être ignoré. A l’EJMA, un professeur de jazz l’encourage à préparer des examens d’entrée en école supérieure et, pour la première fois, Maud ose envisager la musique comme une voie professionnelle.

Un mentor toxique

Mais cette étape est entachée par une expérience douloureuse: à 18 ans à peine, elle subit le comportement toxique et déplacé de ce mentor, qui lui fait perdre confiance en elle. Trop d’ambiguïtés, trop de séduction, des heures de cours offertes contre des séances photos... Elle mettra deux ans à s’en remettre.

Cette épreuve la forge. Maud comprend alors que sa légitimité ne peut pas venir uniquement des validations extérieures, de l’approbation d’un professeur, même si les prix, les concerts et la reconnaissance du public l’ont aidée à reprendre confiance. Elle affirme aujourd’hui une démarche plus intérieure: avancer pour elle-même, rester fidèle à ses envies et à sa détermination.

Dans un milieu où les femmes sont souvent objectivées ou doivent porter seules leurs projets pour exister, elle revendique la nécessité de croire en sa voix et de la défendre. Sa vocation, née d’un rêve d’enfant et consolidée par les épreuves, s’exprime désormais comme une certitude.

Un article de «L'illustré» n°41

Cet article a été publié initialement dans le n°41 de «L'illustré», paru en kiosque le 9 octobre 2025.

Cet article a été publié initialement dans le n°41 de «L'illustré», paru en kiosque le 9 octobre 2025.

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