La Suisse possède une longue tradition de sauvetage aérien. Depuis 1952, la Garde aérienne suisse de sauvetage (Rega) intervient auprès des montagnards et amateurs de sports d’hiver en détresse, tout en assurant le transport des blessés graves vers les hôpitaux. Depuis plusieurs décennies, la Rega agit aussi à l’international, rapatriant les Suisses blessés à bord de ses appareils. Depuis 1968, un autre acteur majeur, Air Zermatt, complète ce dispositif de secours.
La Suisse va désormais se doter d’une nouvelle compagnie humanitaire, rapporte le portail spécialisé Aerotelegraph. Deux entrepreneurs genevois ambitionnent de transformer l’aide aérienne: Pierre Bernheim et Waleed Rawat ont fondé Bluelight Humanitarian Airlines. «Nous voulons sauver des vies, pas maximiser les profits», affirment-ils, précisant se concentrer sur «la gestion des crises» et une distribution «rapide, éthique et efficace» de l’aide humanitaire.
Hôpital volant
La compagnie – reconnaissable à sa croix suisse sur fond bleu – prévoit d’opérer deux avions: un Airbus A340-300 Combi spécialement aménagé et un A321 P2F. L’A340 servira d’hôpital volant, d’appareil d’évacuation et de cargo humanitaire. «Tout cela en un seul avion», promet Pierre Bernheim. L’A321, plus petit, permettra d’atteindre des zones difficiles d’accès, notamment en Afrique ou au Proche-Orient.
Les jets seront d’abord basés en Europe, selon Aerotelegraph, avec des partenariats conclus avec les aéroports de Genève et de Liège. Deux autres implantations sont prévues: l’une en Amérique du Nord dès 2030, l’autre en Asie à l’horizon 2035. Bluelight prévoit aussi l’usage de drones capables de transporter jusqu’à 500 kg de matériel sur 800 km, pour desservir les régions isolées.
Le projet repose sur des capitaux privés et le soutien de partenaires institutionnels tels qu’Airbus, Joramco et le prestataire suisse Amros Global, ainsi que sur l’appui du canton de Genève. Ambitieuse, la compagnie veut concurrencer les acteurs établis avec des tarifs environ 30% inférieurs à ceux du marché.
Pilote privé et héritier de montres
Genevois, Pierre Bernheim exerce aujourd’hui comme consultant en stratégie et pilote privé. Ancien président du conseil d’administration de l’aéroport de Genève (jusqu’en 2023), il siège également à celui d’Annemasse, en France, et conseille la banque Vontobel. Issu d’une famille horlogère, il est le petit-fils de Raymond Weil (1928–2014), fondateur de la marque de montres de luxe éponyme créée en 1976.