Le Collectif de la Grève féministe dénonce le manque de réaction du Grand Théâtre de Genève (GTG) après la découverte de caméras cachées dans les vestiaires. Soutenu par plusieurs syndicats, il lance une pétition pour demander plus de mesures de protection des victimes et de prévention.
Mercredi, devant les médias, le Collectif de la Grève Féministe a annoncé demander un soutien pour les femmes lésées et filmées à leur insu. Cette demande comprend une prise en charge «intégrale et sans avance de frais» des démarches juridiques enclenchées, un congé spécifique rémunéré pour effectuer ces démarches et une prolongation du soutien psychologique jusqu'à l'issue des enquêtes.
Des excuses demandées
Le collectif exige aussi des excuses publiques de la part du GTG et une explication sur le silence de la direction lors de la première découverte, en 2014, d'une caméra dans les vestiaires des danseuses. Une information qui a été révélée suite à la nouvelle découverte d'une caméra en mars dernier.
La pétition, qui sera déposée auprès de la Ville de Genève et de la Fondation du GTG fin septembre, demande enfin que les victimes obtiennent des informations sur ce que sont devenues les images recueillies. Plus de dix femmes ont déposé une plainte pénale contre X, mais le collectif n'a pas plus d'informations sur l'avancée de l'enquête.
«Faits minimisés»
Le GTG a commencé à prendre des mesures suite aux révélations de la Tribune de Genève, ce que les syndicats des services publics (SSP), suisse romand du spectacle (SSRS) et interprofessionnel des travailleurs (SIT) saluent. Une rencontre a eu lieu avec les employeurs, menant à un soutien psychologique pour les victimes et des contrôles des locaux.
Selon le collectif, une lettre a également été envoyée aux employés lundi pour les informer d'autres mesures prises par l'institution, comme la pose d'un verrou sur le vestiaire concerné, situé au troisième sous-sol. Mais un mot fait réagir: les faits sont qualifiés «d'incidents». «Ce terme révèle bien la minimisation des faits de la part du GTG», regrette Françoise Nyffeler, du collectif.
«Un climat d'impunité»
Un autre évènement révélateur du «climat d'impunité» qui règne au GTG a eu lieu lors de la Grève des femmes le 14 juin. «Des danseuses sont venues témoigner publiquement, masquées pour se protéger. Deux individus les ont narguées depuis le bâtiment du GTG», explique Antea Tomicic, elle aussi membre du collectif. Ils ont été arrêtés par un manifestant.
Des objectifs de parités chiffrés sont aussi demandés à l'institution, pour favoriser une «modification structurelle en profondeur». Anne Michel, coprésidente de SSP Genève, dénonce un manque de femmes dans un grand nombre de professions au sein du GTG: «Nous sommes dans une institution majoritairement masculine, ce qui favorise un glissement vers un climat sexiste.»
Au-delà des mesures immédiates de protection, la pétition demande des mesures de prévention, dont un nouveau vestiaire sécurisé, un système de sécurité dans tous les lieux de travail et une vérification régulière, avec des contrôles non annoncés dans les vestiaires des douches par une entreprise externe. «Nous ne savons pas qui était au courant au sein de l'institution, qui est complice», soulève Françoise Nyffeler.