Un nouveau record
Pourquoi Genève reverse près de 400 millions à la France pour ses frontaliers?

Environ 410’000 frontaliers travaillent en Suisse. Et ces personnes génèrent d'importants flux financiers: tandis que Genève a versé 396 millions de francs à la France cette année, d'autres cantons perçoivent ou versent des contributions à l'Allemagne ou à l'Italie.
Publié: 05:30 heures
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Selon l’Office fédéral de la statistique, environ 410’000 frontaliers exerçaient en Suisse au troisième trimestre 2025.
Photo: Keystone
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Tobias Bruggmann

Ils travaillent à Genève tout en vivant juste de l’autre côté de la frontière. Au troisième trimestre 2025, environ 410’000 frontaliers exerçaient dans notre pays, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS). Plus de la moitié viennent de France et près d’un quart d’Italie.

Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que ces travailleurs génèrent d’importants flux financiers entre les cantons suisses et les pays voisins. Le canton de Genève, par exemple, a ainsi transféré 396 millions de francs aux départements français limitrophes de la Haute-Savoie et de l'Ain. Un nouveau record, comme l'écrit la «Tribune de Genève», qui souligne qu'en 2024 cette somme était de 372 millions de francs.

En toile de fond, un accord de 1973: Genève doit en effet reverser 3,5% de la masse salariale brute annuelle des frontaliers à la France. Ces montants servent à compenser les dépenses publiques supportées par notre voisin en raison des travailleurs frontaliers – de plus en plus nombreux – vivant sur son territoire, mais travaillant et étant imposés à Genève. 

Aussi vers l'Italie

Dans d'autres cantons, en revanche, c'est l'inverse. Les cantons de Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Soleure, Vaud, Valais, Neuchâtel, Jura et Berne ont conclu ensemble un accord avec la France. Celui qui travaille dans l'un de ces cantons, mais qui habite de l'autre côté de la frontière est imposé dans son pays d'origine. En échange, la Suisse reçoit de l'argent de la part de son voisin.

En ce qui concerne les montants, il y a de grandes différences entre les cantons. En 2024, l'Allemagne a octroyé cinq millions de francs à Soleure et 50 millions à Bâle-Campagne. Bâle-Ville a également reçu entre 77 et 80 millions de francs ces dernières années de la part de l'Allemagne et Vaud plus de 140 millions venant de la France.

En revanche, des millions s’écoulent aussi des cantons du Tessin, des Grisons et du Valais vers l'Italie, pour un total d’environ 120 millions de francs en 2024 pour les trois cantons. A l'origine, les frontaliers qui travaillaient dans ces cantons versaient 100% de leur impôt à la source à la Suisse, qui en reversait ensuite une partie à l'Italie.

Mais un nouvel accord a été conclu en 2020: les frontaliers ne paient plus que 80% à la source, mais doivent désormais régler le reste de leurs impôts en Italie. Un système moins attractif pour les frontaliers, qui se retrouvent maintenant à gérer deux obligations fiscales distinctes, souligne le «Tages-Anzeiger».

La Suisse conserve l’impôt à la source des Allemands

Et qu'en est-il de l'Allemagne? Celui qui y habite et travaille en Suisse est en principe assujetti à l'impôt chez notre voisin du nord. La Suisse peut toutefois retenir un impôt à la source de 4,5%. Ceux qui n'ont pas une «attestation de résidence» risquent des déductions fiscales encore plus élevées.

Dans le canton de Saint-Gall, 14,7 à 16 millions de francs provenaient d’Allemagne et près de 60 millions d’Autriche, incluant la part des communes et des églises. En Thurgovie, ces trois dernières années, le canton percevait seulement entre 7 et 9,5 millions de francs.

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