Féminicide à Epagny (FR)
Les participants de la Marche blanche exigent des mesures contre les violences sexuelles

Un rassemblement de 350 personnes à Bulle a critiqué les autorités cantonales pour leur gestion des violences faites aux femmes. Le collectif organisateur a souligné l'augmentation alarmante des féminicides en Suisse, appelant à plus de mesures.
Publié: 18.04.2025 à 13:42 heures
La marche blanche organisée à Bulle a réuni environ 350 personnes, a constaté sur place un photographe de Keystone-ATS.
Photo: CYRIL ZINGARO
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ATS Agence télégraphique suisse

La marche blanche organisée vendredi à Bulle, huit jours après le féminicide d'Epagny, a réuni quelque 350 participants. Ces derniers ont exigé une nouvelle fois de «véritables moyens» pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.

Le cortège a quitté l’entrée du stade de Bouleyres sur les coups de 10h00 pour rejoindre la place du Marché, en passant par les douves du château. La marche solidaire était organisée par Marie-Ange Castella, une mère de famille de bientôt 39 ans, habitant en Gruyère et elle-même victime de violences domestiques par le passé.

La marche était blanche, parce que liée à la mort, et orange, parce que contre les violences faites aux femmes. «Je veux dire ma tristesse et ma solidarité, pour cette maman qui a demandé de l’aide en vain et pour ces enfants qui ont sans doute vécu des scènes de violence à la maison», a-t-elle dit mercredi dans «La Liberté».

Marie-Ange Castella veut aussi «dénoncer un système qui ne fonctionne pas, ou pas dans tous les cas», a-t-elle expliqué dans les colonnes du quotidien fribourgeois. Un système qui doit «prendre les victimes au sérieux». La Gruérienne vit sous la protection d’une mesure d’éloignement de son ex-compagnon depuis 2021. «Je me suis rendu compte que ces interdictions d’approcher ne sont pas vraiment appliquées». Des propos qui entrent en résonance avec ceux entendus mercredi soir lors du rassemblement tenu mercredi soir à Fribourg, devant le Théâtre Equilibre, et qui a réuni quelque 300 personnes, venues dénoncer les mêmes problèmes.

Fribourg pointé du doigt

La marche bulloise, tout comme le rassemblement organisé par le Collectif Grève féministe Fribourg, s'est déroulée en hommage à la femme de 39 ans tuée par son mari à Epagny, une mère de quatre enfants âgés entre 13 et 20 ans. Le canton de Fribourg y a été décrit comme «responsable de l'échec».

Selon le collectif, «au moins 14 féminicides» ont été commis en 2025 en Suisse. «C’est presque une femme tuée chaque semaine, un rythme alarmant, deux fois plus élevé que la moyenne des dernières années, avec un féminicide chaque deux semaines». «Le canton sous-investit dans les instruments de lutte contre les violences masculines».

«Les autorités n'en font pas assez, partout en Suisse», a relevé mercredi Aude Spang, membre du collectif. «Les places, le personnel et les ressources nécessaires font défaut». Ainsi, «tragiquement», les mesures prises par la justice fribourgeoise n’ont pas protégé la femme abattue le 10 avril.

L'auteur détenu pour violences domestiques

Pour mémoire, ce jour-là, le mari, armé d’un fusil de chasse à canon scié de calibre 12 millimètres, s’est présenté sur le lieu de travail de son épouse qui effectuait des ménages. Après être entré dans la maison, l'individu âgé de 41 ans a tiré à quatre reprises sur sa femme, avant de retourner l’arme contre lui.

L’homme avait subi une détention du 18 septembre au 5 décembre 2024, dans le cadre d'une procédure pour violences domestiques, avant d’être remis en liberté «sous plusieurs conditions». Parmi elles, figuraient une interdiction d’approche et de contact, un suivi thérapeutique de gestion de la violence et un suivi de probation.

Lors d'une confrontation entre époux devant la justice, le 2 décembre, la femme s'était rétractée sur des aspects de violence sexuelle, selon le Ministère public, tout en maintenant ceux touchant à des violences physiques. D'où la sortie de détention. Les détails ont été donnés samedi lors d'un point presse à Bulle. «Il y aura des questionnements sur les processus», a assuré à cette occasion le procureur général du canton Fabien Gasser. Le magistrat a parlé encore d'une affaire «tragique et cauchemardesque». «C'est un échec, malgré le travail accompli», a-t-il reconnu. 

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