En février 2023, des activistes du climat ont tracé des pistes cyclables avec de la peinture, dans le quartier genevois de Châtelaine. La justice a lancé une enquête de grande ampleur, visant notamment un étudiant de 25 ans, identifié comme porte-parole d'Extinction Rebellion, révèle «Le Temps».
Le procureur Walther Cimino a ordonné une surveillance étendue: analyse des relevés bancaires, des télécommunications, vidéosurveillance d'un magasin et même recherche d'hypothétiques réservations EasyJet. Une démarche totalement disproportionnée, selon l’avocat du prévenu, Maître Olivier Peter. Il a saisi la justice pour faire annuler plusieurs actes d’enquête, dénonçant une atteinte grave à la sphère privée.
Six mois de surveillance
En plus du marquage à la peinture réalisé à Châtelaine, deux autres actions ont été réalisées quelques jours après. Le jeune militant a été arrêté avec un outil pour tracer de la peinture, et condamné en mai 2023 à 30 jours-amendes dans une procédure distincte. Puis, la plainte est retirée à la suite d'un accord avec la Ville.
En parallèle, le procureur Walther Cimino ouvre une enquête pour dommages à la propriété pour l'action du quartier de Châtelaine, et obtient six mois de surveillance rétroactive des téléphones des suspects. La police judiciaire analyse les transactions bancaires et tente d’identifier d’autres militants.
Décrédibilisation des militants
En janvier 2025, l'étudiant membre d'Extinction Rebellion apprend l’ampleur des investigations dont il a fait l'objet. Son avocat dénonce une vaste «expédition» visant les activistes et estime la surveillance injustifiée. Il pointe aussi du doigt une tentative de décrédibilisation idéologique des militants.
Le Ministère public n'a pas souhaité faire de commentaire dans les colonnes du «Temps». La Chambre pénale de recours devra statuer sur la légalité de ces mesures.