Des caméras cachées dans les vestiaires
Un employé de Migros Cornavin jugé pour avoir filmé ses collègues

Un homme de 30 ans est jugé à Genève pour avoir caché une caméra dans les vestiaires de ses collègues féminines à la Migros de la gare Cornavin. Les faits, qui ont eu lieu entre 2019 et 2021, ont profondément affecté les 37 plaignantes. Le verdict sera rendu mercredi.
Publié: 16:26 heures
|
Dernière mise à jour: 18:27 heures
Partager
Écouter
Un homme est jugé par le Tribunal de police de Genève pour avoir filmé ses collègues dans les vestiaires de la Migros Cornavin.
Photo: KEYSTONE
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse

Le procès d'un homme qui avait caché une caméra dans les vestiaires de ses collègues femmes a eu lieu mardi devant le Tribunal de police de Genève. Les faits se sont produits entre 2019 et le 31 mai 2021, à la Migros de la gare Cornavin.

L'homme, aujourd'hui âgé de 30 ans, a reconnu avoir conservé dans des fichiers spécifiques certaines images pour se masturber. Il avait été licencié après la découverte fortuite de la caméra par une collègue. D'après une expertise, cet employé de commerce célibataire et introverti, souffre de voyeurisme de sévérité moyenne. Le prévenu estime qu'il ne considère plus les femmes comme de seuls objets de désir.

Sur les 37 plaignantes, une vingtaine était présente dans la salle d'audience mardi. A l'époque des faits, qui ont débuté au moins en 2019, elles travaillaient toutes pour financer leurs études. Peur des vestiaires et WC publics, paranoïa, angoisses, méfiance envers les hommes: elles ont exprimé les conséquences encore actuelles de la découverte de cette violation répétée de leur intimité.

«Se sentir violée»

«Mes clientes ont été traquées sans pouvoir s'en rendre compte. Il s'est approprié ce qui lui était refusé par ses collègues. Pas besoin d'être nue pour se sentir violée dans son intimité», a dénoncé Youri Widmer, avocat de 23 plaignantes, relevant que le prévenu aurait continué si la caméra n'avait pas été découverte. Il était entré 800 fois dans les vestiaires féminins sous divers prétextes.

Son employeur l'avait formellement mis en garde concernant son comportement avec les femmes. Reste que les employées ont dû organiser leur défense seules et que l'unique garantie qu'elles ont que les images n'ont pas été diffusées provient du prévenu, a relevé Me Widmer. Ses clientes ont demandé près de 16'000 francs d'indemnité.

Sans revenu, le prévenu pense qu'une «réparation morale ne leur apportera rien». «Chacune de ces femmes est différente, elles ne sont pas toutes susceptibles d'être touchées de la même façon», a déclaré le trentenaire, provoquant l'indignation dans la salle. Pour son avocat, Patrick Bolle, «elles n'ont pas été filmées complètement nues, tout au plus en soutien-gorge ou en culotte.»

Un homme «brisé»

Et l'avocat de souligner combien son client, «fuyant et respirant le mal-être» en début d'instruction, a changé en cours de procédure. Il a pris conscience de ses actes grâce à sa psychothérapie, tandis que son travail bénévole dans une oeuvre caritative le valorise et lui permet de créer de nouveaux liens. «Il est brisé par cette procédure, dont il est le seul coupable», a-t-il affirmé.

Le Ministère public, qui a renoncé à être présent au procès, a requis une peine de prison de douze mois, sans sursis au vu de prononcer un traitement ambulatoire, tel que préconisé par l'expert. La défense a elle écarté la réparation financière et conclut à une peine de quatre mois assortie du sursis et d'éventuelles règles de conduite, ainsi qu'à une mesure thérapeutique ambulatoire.

Le trentenaire est aussi poursuivi pour avoir détenu trois vidéos à caractère pédopornographique. A son insu, selon lui, car il téléchargeait énormément de vidéos à caractère pornographique. La défense a plaidé l'acquittement sur ce point. Le verdict sera rendu mercredi.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus