Retards et pannes en cascade
Le DDPS envisage d'interrompre le projet d'acquisition de drones

L'achat de six drones ADS-15 pour 250 millions de francs, prévu initialement pour 2019, est maintenant repoussé à 2026. Les coûts ont augmenté à 298 millions et les drones ne remplissent toujours pas les exigences suisses.
Publié: 04.07.2025 à 19:42 heures
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La Suisse a commandé six drones Hermes 900, avec des adaptations spéciales (archives).
Photo: ABIR SULTAN
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ATS Agence télégraphique suisse

Après de nombreux retards et pannes, le Département de la défense (DDPS) envisage pour la première fois d'abandonner le projet d'acquisition de drones. C'est ce qu'a déclaré vendredi le chef de l'armement Urs Loher à la radio alémanique SRF. Le projet aurait dû être achevé dès 2019.

Bien que nous ayons longtemps été d'avis qu'une interruption n'était pas envisageable, nous sommes maintenant «arrivés à un point où la question se pose de savoir si la fameuse dernière goutte a fait déborder le vase», a déclaré M. Loher lors d'un enregistrement vendredi de l'émission Samstagsrundschau.

Il fait ainsi référence au système d'atterrissage automatique qui aurait dû être livré en septembre. L'entreprise israélienne Elbit n'ayant pas pu respecter le délai, le DDPS a repoussé l'échéance à janvier et au 30 juin dernier. Mais «ces deux jalons n'ont pas non plus été respectés», a déploré le chef de l'armement.

Des années de retard

L'achat du système de reconnaissance par drones ADS-15, sans pilote et non armé, pour 250 millions de francs, avait été décidé par le Parlement en 2015. L'offre de l'entreprise israélienne Elbit comprend six drones, y compris les composants au sol, les simulateurs et la logistique. La fin du projet était prévue pour 2019, mais a ensuite été repoussée à 2026.

Cinq drones sont certes arrivés en Suisse, mais ils ne remplissent toujours pas les exigences que la Confédération impose aux objets volants sans pilote. Entretemps, les coûts du projet ont augmenté à 298 millions de francs.

Plusieurs chantiers

Outre le système d'atterrissage automatique, le «Detect and Avoid System» (DAA) - développé par l'entreprise fédérale Ruag MRO - n'est pas encore prêt, selon un rapport du Contrôle fédéral des finances (CDF) de janvier. Ce système doit permettre aux drones de décoller sans être accompagnés et à tout moment, car il détecte les obstacles tels que les parapentes, qui n'émettent pas de signaux.

C'est pourquoi les drones ne pourront probablement pas voler de manière non accompagnée avant 2027 et 2028, tout au plus dans l'espace aérien contrôlé et la nuit. Selon le CDF et armasuisse, les drones ne seront pas opérationnels de manière non accompagnée avant 2029 au plus tôt.

«Fournisseur peu fiable»

Dans son rapport, le CDF a également critiqué le fournisseur israélien: celui-ci n'est pas fiable et la direction du projet a du mal à le diriger. «Le projet est en crise», écrit encore le CDF. Il faut agir de toute urgence. La marge de manœuvre financière est faible et des coûts supplémentaires sont à craindre.

A l'époque, armasuisse expliquait encore qu'un abandon n'était pas une option, que la majeure partie de l'argent accordé avait été dépensée ou engagée, que le fournisseur avait également beaucoup investi et que l'armée avait besoin des drones.

Ce point de vue semble avoir changé, malgré les conséquences possibles. Si le projet d'acquisition devait être interrompu, Urs Loher part personnellement du principe qu'Elbit viendra «certainement avec des demandes reconventionnelles». Il y aura alors une longue bataille juridique dont l'issue est incertaine.

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