La semaine dernière, Max Dohner voulait s’envoler pour le Nicaragua, via Amsterdam et le Panama. Or un tel voyage est, à l’époque du Covid, une lourde tâche bureaucratique. Mais l’écrivain suisse se sentait armé: «J’avais réuni tous les documents importants, et mon test Covid était négatif».
C’est à l’enregistrement qu’il fait face aux premières complications. Le personnel de sa compagnie aérienne KLM lui fait savoir que son test Covid négatif n’a pas encore été validé par le Nicaragua. Max Dohner s’énerve: «J’avais pourtant tout envoyé à temps aux autorités. Le retard n’était pas de ma faute!»
La compagnie aérienne lui refuse le voyage
Pire encore: la compagnie aérienne lui refuse également le voyage jusqu’au Panama, bien qu’elle dispose de tous les documents nécessaires à cet effet.
Cet amoureux de l’Amérique latine, habitué des voyages, a encore du mal à y croire: «J’ai été enregistré à 4h48 exactement. J’étais donc bien là. Pourtant, KLM prétend que je ne me suis pas présenté. C’est fou!»
Une agence de voyage enquête sur le cas
Globetrotter, la compagnie de voyage à laquelle l’écrivain avait fait appel, enquête sur ce cas. Le groupe n’a toutefois pas d’éléments permettant de conclure que les passagers sont de plus en plus souvent déclarés comme des «no-shows» (c’est-à-dire qu’ils ne se seraient pas présentés) – comme ce fut le cas pour Max Dohner.
Mais il y a effectivement de plus en plus de problèmes lors de l’enregistrement, explique Nick Gerber, responsable des achats chez Globetrotter: «Les règles de voyage en temps de Covid changent presque tous les jours, et chaque pays a les siennes. Il est presque impossible d’avoir une vue d’ensemble. Actuellement, il arrive relativement souvent qu’une personne se voie refuser un vol parce qu’il manque un document quelconque».
Souvent, il n’y a pas grand-chose à faire
Simon Sommer est juriste spécialisé dans le droit des passagers aériens et cofondateur de cancelled.ch. L’entreprise défend les droits des voyageurs vis-à-vis des compagnies aériennes. Il observe lui aussi une forte augmentation des complications à l’aéroport: «Avant, pratiquement personne ne nous contactait pour un refus à l’embarquement. Maintenant, plusieurs individus nous contactent chaque semaine pour demander notre soutien».
Mais la plupart du temps, il n’y a pratiquement rien à faire, explique Simon Sommer: «Un refus d’embarquement, appelé Denied Boarding, est légitime d’un point de vue juridique. Les compagnies aériennes n’ont pas le droit de transporter des passagers vers un endroit où ils ne peuvent pas entrer.»
Erreur de la part des autorités?
Simon Sommer estime donc que la faute incombe surtout aux autorités des pays concernés: «Outre-mer notamment, certaines destinations de vacances portent justement atteinte à leur réputation en raison de procédures administratives trop lentes. C’est grotesque».
Mais le juriste confronte également les compagnies aériennes à leurs responsabilités: «Nous trouvons choquant que les compagnies aériennes appliquent leurs prescriptions de manière très stricte, et qu’elles n’autorisent plus aucun changement de réservation, même en payant.»
Il a tout de même réussi à se rendre en Amérique latine
Entre-temps, Max Dohner a réussi malgré tout à se rendre en Amérique latine. Mais la malchance continue de lui coller à la peau.
Alors qu’il tente d’entrer au Nicaragua par voie terrestre depuis le Costa Rica, on lui refuse l’entrée pour des «raisons politiques». «Les gardes-frontières n’ont pas pu ou voulu être plus précis», explique-t-il.
Il a peut-être une idée de ce qui pourraient motiver cette étrange réaction: en automne, avant les élections au Nicaragua, il avait posté sur Facebook que les élections ne changeraient rien à la dictature dans le pays. Max Dohner est consterné: «L’hystérie règne dans le monde, avec ou sans Covid».
(Adaptation par Daniella Gorbunova)