Quatre décès pour 10'000 cas
De plus en plus d'experts comparent désormais Omicron à la grippe

Si l'on regarde le taux de mortalité, le coronavirus n'est aujourd'hui pas plus dangereux que la grippe. Ce qui est dû à Omicron et au vaccin. De plus, il existe des similitudes entre les deux maladies.
Publié: 09.02.2022 à 06:59 heures
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Dernière mise à jour: 09.02.2022 à 17:23 heures
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Le coronavirus, pas pire qu'une grippe?
Photo: Getty Images/Tetra images RF

Depuis son apparition dans le courant du mois de novembre, le monde entier se pose la question de la dangerosité du variant Omicron. A cette époque, la vague liée au variant Delta remplissait les hôpitaux, et la crainte d’une forme plus contagieuse et plus mortelle était grande.

Deux mois plus tard, le monde peut souffler: il n’en est rien. Si Omicron est bien plus contagieux, la mortalité qu’il engendre est, elle, bien moindre que celle du variant précédent. Et bien que le nombre de personnes infectées par le virus n’ait jamais été aussi haut, le nombre d’hospitalisations n’est pas particulièrement élevé. Et, surtout, aucune augmentation du nombre de décès n’est à signaler.

Selon les analyses des experts interrogés par la SRF, le taux de mortalité d’Omicron est actuellement de 0,04%, soit un décès pour 2’500 cas, une proportion similaire à celle de la grippe.

«Des similitudes considérables»

Les scientifiques hésitent donc de moins en moins à établir cette comparaison. «Les similitudes entre le virus de la grippe et le variant Omicron sont considérables», déclare le biostatisticien Richard Neher, de l’université de Bâle.

Il cite deux points de comparaisons principaux: tout d’abord, la présence et la propagation de la maladie en hiver, avec une propension à toucher plus facilement les personnes atteintes de maladies chroniques et les personnes âgées. Ensuite, une évolution immunitaire due à la vaccination et à l’apparition naturelle de nouveaux variants: nous retombons malade de manière régulière.

Les anciens variants étaient plus dangereux

Mais il ne s’agit pas ici de minimiser la dangerosité des premières vagues de Covid. En effet, le taux de mortalité des précédentes vagues était d’environ 2%, soit 50 fois plus élevé. La vaccination, couplée à l’immunité de masse, a aussi contribué à rendre Omicron beaucoup plus inoffensif.

Il ne fallait en effet pas émettre cette comparaison trop vite. C’était le cas d’Alain Berset qui, à la mi-janvier, en avait fait les frais. La situation dans les hôpitaux était alors plus tendue et il s’était pris une volée de bois vert de la part de certains experts.

Le problème du Covid long

De plus, la grippe n'engendre pas de conséquences telles que celles du Covid long. Selon les dernières informations, près de 25% des personnes touchées par le Covid développeraient un Covid long à des degrés variés, dont 16% au-delà d’une année. Personne ne connaît aujourd’hui l’impact à long terme du coronavirus sur les systèmes de santé.

Le biostatisticien Richard Neher met toutefois en garde contre une simplification excessive. Le Covid reste plus dangereux qu’une grippe typique, notamment «parce que le virus est très imprévisible». De nouvelles mutations ne peuvent pas complètement être exclues.

Delta circule toujours

Enfin, le variant Delta, plus agressif, n’a pas complètement disparu des écrans radar. Détecté initialement en Inde, le variant avait affolé le monde entier à l’été 2021. En l’espace de quelques semaines, plus de 200’000 personnes en sont mortes en Inde, les hôpitaux complètement saturés manquant d’appareils respiratoires.

Il continue de circuler dans le monde et en Suisse, où il représente de 2 à 5% des nouvelles infections, selon l’EPFZ. Pratiquement, sur environ 27’000 nouvelles infections journalières, environ 1000 sont le cas de Delta. «Nous constatons que des restes de ce variant subsistent et ne nous pouvons pour l’heure pas déterminer s’il va survivre longtemps ou non», a notamment déclaré l’épidémiologiste Emma Hodcroft à la «Luzerner Zeitung».

Si ce variant semble tenir le coup malgré tout, la question se pose: une nouvelle vague de Covid due à Delta serait-elle possible? La Task force Covid dit surveiller la situation de près: «On ne peut pas tirer de conclusions définitives sur un éventuel retour de Delta.»

(Adaptation par Alexandre Cudré)

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