Procès en cours
Neuf ans et demi requis contre les «Frères de Genève»

Deux islamistes font face à de lourdes peines pour soutien présumé à un groupe terroriste au Kosovo. La procureure demande neuf ans de prison ferme, soulignant la gravité des actes et la durée de leur implication.
Publié: 03.11.2025 à 21:51 heures
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Les deux hommes sont accusés d'avoir soutenu un groupe terroriste qui projetait de s'emparer d'une région au Kosovo et d'y imposer la charia.
Photo: KEYSTONE
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ATS Agence télégraphique suisse

La procureure a requis lundi soir des peines fermes de 9 ans et demi et de 9 ans dans le procès de deux islamistes devant le Tribunal pénal fédéral. Ces derniers sont accusés d'avoir soutenu un groupe terroriste qui projetait de s'emparer d'une région au Kosovo et d'y imposer la charia.

La magistrate a réclamé une peine privative de liberté de 9 ans et une peine pécuniaire de 180 jours-amendes contre «l'émir» des «Frères de Genève», un Kosovar âgé de 37 ans. Ces sanctions fermes doivent être assorties de l'expulsion pour la durée maximale de 15 ans car sa situation personnelle ne relève pas du cas de rigueur.

Son coaccusé, un binational suisse et macédonien de 34 ans déjà condamné à trois reprises par le passé, doit être sanctionné par une peine ferme de 9 ans et demi ainsi que par 40 jours-amendes. Une expulsion n'entre pas en ligne de compte vu la binationalité de l'intéressé.

La procureure a souligné la culpabilité grave des deux accusés et les objectifs criminels de l'organisation qu'ils ont financée. En outre, ils ont agi durant 7 à 8 ans et auraient continué sans leur arrestation intervenue début septembre 2022. Les deux prévenus sont accusés de participation et soutien à une organisation terroriste, corruption d'agents publics étrangers, blanchiment, entrave à l'action pénale, faux dans les titres, escroquerie par métier, notamment. Ils sont présumés innocents.

Des faits et des aveux

Dans son réquisitoire, la procureure a précisé que «ce procès est celui des deux prévenus, et pas celui de la législation suisse sur le terrorisme». L'enquête a établi tous les faits reprochés et ceux-ci ont été corroborés par les aveux des prévenus lorsqu'ils y ont été confrontés. L'accusatrice a souligné que les deux hommes, en particulier l'émir, connaissaient parfaitement le dossier et n'ont jamais rien admis de plus que ce qui y figurait. «Leurs aveux sont donc parfaitement crédibles et dignes de foi», en dépit des dénégations ultérieures.

La structure, l'organisation ou les précautions prises démontrent que le but de l'antenne genevoise était bien de soutenir les «Frères de Viti». L'objectif terroriste des deux groupes est aussi réalisé avec le recrutement et l'endoctrinement de membres (dawa) ainsi que la déstabilisation d'une région au sud-est du Kosovo.

Des vétérans de Syrie

Selon la magistrate, les «Frères de Viti» se donnaient les moyens de leurs ambitions. Ils disposaient d'argent, mobilisaient des fidèles, achetaient et planquaient des armes. Leurs structures régionales étaient dirigées par des vétérans rentrés de Syrie et rompus au combat.

Auparavant, les deux prévenus ont affirmé qu'ils s'étaient fourvoyés dans le radicalisme islamique. Très volubile, l'émir s'est dit déçu par la pratique religieuse de la population au Kosovo en général et celle des membres des «Frères de Viti». Il se serait donc distancié de l'islam radical qui ne correspondait pas aux valeurs inculquées par son père.

Projet terroriste contesté

Selon lui, la dissimulation au Kosovo d'armes et de munitions ne visait pas à renverser le pouvoir: «Nous aurions été immédiatement écrasés». Il s'agissait de préparer la résistance en cas d'attaque de la Serbie. A son avocat, l'accusé a répondu avoir été entendu en 2019 par le Service de renseignement de la Confédération (SRC). Il aurait alors confirmé l'existence des Frères de Genève.

Plus évasif, son coaccusé a fait état d'un parcours similaire. Après s'être intéressé à l'Etat islamique lors de sa montée en puissance – «J'avais de la sympathie pour ce groupe vu le bien qu'il faisait pour les populations en Syrie» – il s'en serait ensuite éloigné. De même, il aurait été ébranlé dans ses convictions à la suite d'un séjour en Macédoine du Nord.

La journée de mardi sera consacrée aux plaidoiries de la défense.

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