Il suffit d’un simple clic sur le bouton «Oui, j’ai plus de 18 ans» pour accéder à tous les contenus des sites pornographiques. Une protection des mineurs jugée trop faible à Berne. Depuis des années, des discussions sont menées au Palais fédéral pour établir des contrôles de l’âge plus efficaces.
Récemment, le conseiller national du Centre Niklaus Gugger a déposé une toute nouvelle motion. Le politicien propose de contrôler les identités, et donc les âges, des utilisateurs grâce à une carte de crédit. Cette idée a largement été acceptée par le Conseil national et devrait bientôt être discutée au Conseil des États, apprend-on dans le «24 heures».
Des jeunes exposés trop tôt
Le conseiller du Centre l’affirme: en moyenne, les garçons sont exposés dès l’âge 11 ans à des contenus pour adultes. Une situation jugée préoccupante par les politiques. Pour les moins de 16 ans, être confrontés à de telles vidéos ou images peut avoir des effets néfastes.
D’autres élus voient cette idée d’un mauvais œil. Selon eux, cette nouvelle motion serait une porte ouverte vers la publication de données personnelles, notamment sur l’orientation sexuelle ou simplement le fait de consulter de tels sites. La question de la vie privée est donc au centre des débats.
Pourquoi le porno n’est-il pas contrôlé comme les jeux d’argent?
Pour Marianne Maret, conseillère aux États du Centre, «le respect de la vie privée est un argument qui ne résiste pas à l’analyse. Il en va de même pour les jeux d’argent en ligne, de nombreuses données doivent être indiquées. La protection des jeunes ne mérite-t-elle pas au minimum le même traitement que les jeux d’argent?»
La politicienne valaisanne accuse une approche à géométrie variable. Certes, il en va de la responsabilité des parents d’installer des outils comme le contrôle parental sur les appareils électroniques. Mais pour la conseillère, si «certains ne sont pas assez attentifs, il en va donc de notre responsabilité de mettre en place un garde-fou».
Il existe d’autres plateformes
Selon Olivier Français, conseiller PLR aux États pour le canton de Vaud, la position de son parti sera moins tranchée. Selon ses prévisions, son parti, particulièrement attaché à la liberté personnelle, devrait être moins enthousiaste que le Centre. Pourtant, le Vaudois, lui, est favorable à la motion. Il regrette néanmoins les moyens de déjouer ce contrôle. «Il faut être réaliste, il y a plein d’alternatives pour contourner la transmission de données exactes, comme avec la vente d’alcool.»
Il déplore également l’existence d’autres plateformes ou canaux pour accéder à du contenu pornographique, tels que les réseaux sociaux ou certaines chaînes de télévision.