Avec une offensive coûtant 100 millions de francs suisses, le Conseil fédéral compte augmenter le taux de vaccination dans le pays: jusqu’à 80% chez les 18 à 65 ans et jusqu’à 93% chez les seniors.
Toutefois, c’est aux cantons qu’il appartient d’atteindre ces objectifs. À l’exception d’une campagne médiatique et d’une lettre à la population, la Confédération ne s’impliquera pas elle-même dans cette offensive. Les cantons reçoivent uniquement le soutien financier du Conseil fédéral.
Les experts des différentes régions se concertent maintenant pour élaborer une stratégie de mise en œuvre de l’offensive. Ils en sont à une phase de planification, les détails concrets suivront en temps voulu.
Certains cantons ne voient pas l’intérêt de cette nouvelle offensive
Genève constate que la population a «déjà eu suffisamment de temps pour se faire une opinion sur le sujet et a un accès facilité au vaccin». L’objectif de vaccination du Conseil fédéral n’est «malheureusement pas très réaliste à court terme», estime Laurent Paoliello de la Direction générale de la santé. Par conséquent, il est prévu que l’accent soit mis principalement sur les mises en quarantaine des cas contact.
Le canton de Berne est également sceptique. «Nous disposons de nombreux postes de vaccination fixes, ainsi que d’un camion de vaccination et d’autres équipes mobiles qui se déplacent dans les communautés et les écoles», expliquent les porte-parole. Le canton refuse le recrutement de conseillers supplémentaire: «Nous considérons que cette mesure n’est pas efficace. Les médecins ou les pharmaciens font déjà tout leur possible pour inciter les gens à se faire vacciner. Nous ne voyons pas l’intérêt de recruter du personnel sans formation médicale, de leur donner un cours accéléré sur le bien-fondé de la vaccination, puis de les lâcher dans la population.»
Le canton de Zurich reste également vague et veut seulement examiner «si et dans quelle mesure le canton participera aux mesures proposées».
Nidwald et Bâle-Ville mettent l’accent sur les jeunes
Le canton de Nidwald est un des plus audacieux «Nous partons du principe que nous allons nous concentrer encore davantage sur la population jeune, entre 16 et 35 ans», annonce Oliver Mattmann, de la chancellerie du canton. Ce groupe d’âge fait partie de ceux dont le taux de vaccination est le plus faible à ce jour. Le défi consiste à mieux les atteindre. «Par ailleurs, la présence d’un service mobile d’information et de vaccination dans les points névralgiques du canton est envisagée afin de mieux toucher et conseiller les personnes encore indécises.»
Bâle-Ville veut également se concentrer sur les jeunes de 20 à 30 ans. La stratégie concrète est encore en discussion, explique Anne Tschudin du ministère de la Santé. Elle rappelle que le canton a déjà pris tout une série de mesures: du bus de vaccination à la vaccination walk-in, en passant par des courriers aux ménages, des messages WhatsApp et en allant jusqu’à un téléphone pour les indécis
Anne Tschudin se fait ainsi l’écho de ce qui est une évidence pour de nombreux cantons: ils sont à court d’idées sur la manière d’inciter les personnes non vaccinées à recevoir le sérum. Martin Pfister, directeur de la santé de Zoug, résume la situation en ces termes: «Il est désormais très difficile d’atteindre ceux qui sont encore disposés à se faire vacciner. La part de la population qui a déjà reçu le vaccin est importante, et ceux qui sont fondamentalement opposés réagissent avec indignation.»
Pas suffisamment de personnel
Outre le scepticisme face à cette nouvelle offensive vaccinale, les cantons sont également préoccupés par la question du personnel nécessaire à cet effet. Le canton de Nidwald envisage d’externaliser certains services.
Le canton du Valais adopte une approche différente: il mise sur l’engagement des médecins de famille. Actuellement, leur tarif a été réduit de 24 francs à 14 francs, ce qui ne les encourage pas à proposer le vaccin. C’est là que le canton entre en jeu: il paiera un supplément de 8 francs par injection pour compenser la différence.