L'heure est au bilan financier à mi-parcours pour les banques cantonales suisses romandes. Depuis le début de l'année, la volatilité des marchés comme la diversification des défis n'ont pas manqué d'animer le secteur. Les résultats sont globalement attendus stables. C'est à la Banque cantonale du Jura (BCJ) d'ouvrir le bal des résultats semestriels des établissements financiers cantonaux jeudi, suivie de celle de Fribourg la semaine suivante. Pour ces deux établissements, «un ralentissement de la conjoncture économique et une probable évolution à la baisse des taux d'intérêts» était attendu pour 2025 lors de la présentation de leurs résultats 2024.
A échelle plus large, «les baisses successives du taux directeur par la Banque nationale suisse (BNS) en 2024, et celles encore attendues ce printemps, vont toucher le résultat d'intérêt 2025», prévenait alors le directeur général de la BCF Daniel Wenger en entretien accordé à l'agence AWP. «Toutefois, les perspectives bénéficiaires restent intactes et la solidité financière s'en trouvera encore améliorée», assurait-il. Depuis, la BNS a abaissé ton taux directeur à 0,25% en mars puis 0,00% en juin. Pour la Chambre de commerce et d'industrie du canton de Fribourg (CCIF), qui chapeaute plus de 1250 sociétés, «le meilleur moyen actuel pour conserver une résilience économique cantonale est d'intensifier la diversification».
Réduire les risques
De manière générale, «pour faire face à la volatilité des marchés il ne faut pas céder à la panique lors de mouvements brusques, réduire l'exposition au marché américain et revenir sur les sociétés européennes avec du potentiel, notamment dans les secteurs liés à la défense, de manière directe ou indirecte, car d'énormes investissements seront incontournables», explique le directeur adjoint de la CCIF Philippe Gumy à AWP.
Concernant la cybermenace, «il est extrêmement important d'accroître les investissements. Les risques sont trop souvent sous-estimés, de l'avis de nos sociétés membres actives dans l'IT». Enfin, la création de nouvelles réglementations, qualifiée de «gros défi» atteint des limites car elles sont coûteuses et les effets peu perceptibles, selon M. Gumy. «La Suisse ne doit pas réglementer davantage que les autres pays. Cela vaut pour la finance avec la conformité ou la gestion du programme 'too big to fail' (TBTF).»
A l'exception de la BCGE, la BCBE et la BCV, les autres banques cantonales ont une garantie explicite de la Confédération en cas de faillite. «Elle n'a plus de raison d'être», relève l'expert Lukas Schmid pour le groupe de réflexion libéral Avenir Suisse qui estime le potentiel d'économies à 585 millions de francs par an. L'année dernière, les 24 banques cantonales que compte la Suisse ont globalement vu leur activité faire du surplace, selon l'Union des banques cantonales suisses (UBCS).
Pour leur totalité, les revenus provenant des activités d'intérêts ont baissé de 3,4% à 7,3 milliards comme ceux du négoce et opérations de valeur à 1,1 milliard (-4,9%), alors que les commissions ont rapporté 3 milliards, soit 8,5% de plus sur un an. Côté produits d'exploitation, la tendance cantonale s'est stabilisée à 11,7 milliards (-0,6%). Les charges en personnel (+4,3%) et d'exploitation (+4,6%) se sont faites plus lourdes. Au final, le bénéfice net s'est amoindri de 2,8% à 4,2 milliards. Dernier point, l'activité hypothécaire s'est vu renforcée de 4,9% à 502,6 milliards et les avoirs à la clientèle de 4,1% à 476,4 milliards.
Pour 2025, le système bancaire suisse, englobant les banques cantonales et une vingtaine d'établissements comme UBS, devrait «continuer à bénéficier de conditions économiques solides et de la baisse des taux directeurs», selon les analystes de Moody's. L'agence de notation a conservé sa perspective à «stable».