Nouveau traitement de médecine nucléaire
Un Suisse bénéficie d'un traitement radioactif innovant contre le cancer

Après le diagnostic de son cancer, un Suisse a suivi différentes formes de thérapie, sans succès. Aujourd'hui, Ernst S.* vit sans douleurs grâce à la nouvelle thérapie par radioligand. Blick s'est entretenu avec le patient à propos de ce traitement radioactif innovant.
Publié: 05.04.2024 à 15:12 heures
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Ernst S.* est atteint d'un cancer, mais vit aujourd'hui sans douleurs grâce à la radiothérapie.
Photo: Sarah Frattaroli
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Sarah Frattaroli

Vingt millions de nouveaux cas et près de 10 millions de morts en 2022: le cancer est un fléau qui détruit toujours plus de vies dans le monde entier. Alors que les jeunes de moins de 50 ans sont de plus en plus touchées par la maladie, les recherches pour des traitements se multiplient. L'entreprise Biontech a récemment annoncé l'arrivée d'une substance active sur le marché d'ici 2026, sans pour autant apporter de solution définitive aux malades.

Aujourd'hui, une méthode de traitement inédite commence à faire son entrée dans les hôpitaux: la thérapie par radioligands, ou PSMA. Cette application consiste à administrer aux patients un produit radioactif par voie intraveineuse. La radioactivité se fixe sur les cellules cancéreuses et entraîne la mort des cellules sans affecter le reste de l'organisme, comme c'est le cas avec la chimiothérapie par exemple.

Plus de douleur ni de gêne

C'est grâce à cette méthode qu'Ernst S.* a retrouvé l'espoir. En 2019, cet habitant de Winterthour a subi une ablation de la prostate après un diagnostic de cancer. Mais malheureusement, la maladie s'était déjà propagée dans son corps. S'en sont donc suivi radiothérapie, chimiothérapie et traitement hormonal. Tant de mesures qui se sont avérés inconcluantes.

Aujourd'hui, Ernst n'est toujours pas guéri. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'il ne souffre d'aucune douleur ni de gêne malgré sa maladie grâce au traitement par radioligands. «Je fais régulièrement plus de deux kilomètres à pied pour aller dans mon jardin», raconte ce patient de 75 ans lorsque Blick lui rend visite à son domicile de Winterthour-Wülflingen. «Chez nous, à Winterthour, on les appelle Pünten, et non Schrebergärten, comme à Zurich!»

Un traitement personnalisé et complexe

L'industrie pharmaceutique espère déjà que cette thérapie deviendra un «nouveau pilier du traitement du cancer». Actuellement, deux produits sont autorisés en Suisse, tous deux issus de Novartis. Ces derniers sont utilisés pour le traitement du cancer de la prostate et de tumeurs neuroendocrines rares.

Les produits du traitement en question sont radioactifs. Ils sont fabriqués individuellement pour chaque patient: le traitement est donc complexe. «Coordonner la livraison des substances, les chambres, le personnel et les patients est toujours un défi», explique Irene Burger, médecin-chef en médecine nucléaire à l'hôpital cantonal de Baden (KSB). Le KSB est l'un des douze hôpitaux de Suisse déjà équipés pour la thérapie par radioligand.

Risque de contamination des radiations

C'est dans cet hôpital qu'Ernst est traité. Il passe trois jours par traitement dans une zone hospitalière séparée. «Je prends des livres et des mots croisés pour passer le temps», raconte-t-il. À la fin du traitement, le troisième jour, il peut enfin rentrer chez lui. «Dans le train du retour, je fais attention à ne pas m'asseoir à côté de femmes et d'enfants», explique le malade. Les femmes enceintes et les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables aux radiations. Le risque de contamination est pourtant faible. Mais il n'y a pas de risque 0. Il en va de même pour son épouse: «Après le traitement, je dors pendant cinq nuits dans la chambre d'amis.»

De l'espoir pour les patientes atteintes d'un cancer du sein

Ernst S. s'est vu administrer ce nouveau traitement 6 fois. «Désormais, je n'ai plus qu'à me rendre aux rendez-vous de contrôle. Mes résultats ont l'air bons», se réjouit-il. Si ses valeurs devaient à nouveau se dégrader, il est possible qu'il ait à nouveau recours à un traitement par radioligand. «Je n'ai plus beaucoup d'autres options», se désole Ernst, résigné.

Cette forme de thérapie est utilisée uniquement chez les patients pour lesquels les autres formes de traitement ne fonctionnent plus. «Pour l'instant, nous ne pouvons pas encore guérir les patients», précise Dr Irene Burger. «Mais nous pouvons améliorer leur qualité de vie et leur offrir plus de temps.» Un à deux ans supplémentaires sont réalistes. «C'est comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête», raconte le Winterthourois. «On ne sait jamais quand le cancer va revenir.»

Toujours est-il que le développement dans le domaine de la médecine nucléaire est fulgurant. Bientôt, la radioligothérapie pourrait être utilisée à un stade précoce du traitement. Elle devrait en outre être utile pour lutter contre d'autres types de cancer: le cancer du sein, les tumeurs cérébrales ou le cancer du côlon, par exemple. Et peut-être, devenir un espoir pour d'autres patients.

*Nom modifié

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