«Nous devenons tous un peu fous, parfois», déclarait déjà Norman Bates en 1960 dans «Psychose». Une prophétie reprise avec ferveur à quelques jours de la 96ème édition de la Fête des Vendanges par certains amateurs de l’agape, mortifiés par le système de paiement cashless imposé l’an dernier par les organisateurs de l’événement neuchâtelois.
Les bracelets officiels — d'une valeur de 10 francs — à charger via Twint ou carte bancaire seront, en 2023 à nouveau, le seul moyen de payer des coups à ses amis. Résultat: la grogne monte sur les réseaux, où clairement ce nouveau système ne séduit pas. Même si pour les organisateurs de l'événement, qui aura lieu du 22 au 24 septembre, l'objet est une mesure de lutte contre les vols (lire encadré en fin d'article).
La page Facebook du média local «Arcinfo» rassemble les râleurs. «Celui qui paye la tournée doit reprendre tous les gobelets. Ça devient ridicule», désespère un Neuchâtelois. «Ce n’est plus une fête agréable depuis ce changement, je n’y vais plus», déplore une autre. «C’est la Raiffeisen qui prend 5 balles par bracelet?», ironise un troisième.
En lisant les divers avis négatifs sur le système cashless, on voit qu’un hic majeur revient souvent: les bracelets entravent la convivialité de l’apéro. En effet, qui paie la consigne d’un verre réutilisable doit le rendre lui-même.
Impossible donc pour une âme généreuse de s’emparer des récipients vides de sa tablée pour offrir une tournée générale: un stand ne lui rendra pas la caution des verres si elle ne les a pas payés elle-même auparavant. «Le pote qui doit partir je lui dis tu peux faire cul-sec et me redonner mon verre vide stp, que je récupère ma thune?», illustre un opposant au système.
Parmi les autres griefs soulevés, le fait que les forains n'utilisent pas ce système, la difficulté pour les aînés de profiter de la bringue entre deux transactions par bracelet électronique, ou encore le casse-tête annoncé pour récupérer le solde du bracelet quelques jours après la fête. Un «vol organisé», dénonce un ex-participant, qui prévoit que la flemme l’emportera sur la volonté d’entamer une démarche administrative pour retrouver quelques sous.
Par ailleurs, en compliquant un système de consignes pourtant bien intégré par les fêtards, un retour de bâton contre-productif s’opérerait. «L’année dernière, des centaines de verres réutilisables jonchaient la rue et garnissaient les poubelles», soupire un déçu du cashless, qui indique sur Facebook vivre à Bassecourt, dans le canton du Jura.
Ces problèmes sont mot pour mot les mêmes que l’an dernier. La volonté des organisateurs de poursuivre l’expérience pousse à bout les amoureux de la fête bachique.
Et les maudits bracelets s’infiltrent dans tous les débats. Ainsi, le 15 septembre, quand «Arcinfo» révèle que le champagne Mauler ne sera pas servi dans des flûtes, c’est la goutte de trop. Et encore la fête à la gourmette. «On marche sur la tête! Entre ça et cette aberration du cashless, ça donne de moins en moins envie…», tempête un internaute.
Bénéfice pour les vendeurs
La Fête des Vendanges ne fonce pourtant pas dans le mur. «Beaucoup de stands ont tiré un bilan positif de l’édition 2022, affirme le porte-parole de la nouba du terroir, Eric Leuba. Ils ont réalisé un plus grand bénéfice sans devoir surveiller de caisses.» Deux changements risquent de plaire même aux plus réfractaires au paiement immatériel: beaucoup plus de zones seront dédiées à l’achat et à la recharge des bracelets. «Et tous les stands reprendront toutes les formes de verres, même si l’on rend un long-drink à un vendeur de bières.»
En 2022, une personne a cru faire une bonne affaire en dérobant une caisse de 480 verres derrière un stand, a confié à «Blick» le porte-parole de la Fête des Vendanges de Neuchâtel, Eric Leuba. «Ces bracelets sont une vraie mesure de sécurité, explique-t-il. Le voleur a été immédiatement attrapé quand il a voulu rendre les verres ailleurs pour toucher la caution. Et le tenancier du stand lésé n'a pas dû payer le solde du matériel dérobé.» Le bracelet fonctionne ainsi comme une sorte de puce, qui traque le fêtard qui l'achète mais surtout la provenance des gobelets réutilisables.
En 2022, une personne a cru faire une bonne affaire en dérobant une caisse de 480 verres derrière un stand, a confié à «Blick» le porte-parole de la Fête des Vendanges de Neuchâtel, Eric Leuba. «Ces bracelets sont une vraie mesure de sécurité, explique-t-il. Le voleur a été immédiatement attrapé quand il a voulu rendre les verres ailleurs pour toucher la caution. Et le tenancier du stand lésé n'a pas dû payer le solde du matériel dérobé.» Le bracelet fonctionne ainsi comme une sorte de puce, qui traque le fêtard qui l'achète mais surtout la provenance des gobelets réutilisables.