Le géant orange plaide l'erreur
Un client découvre une surprenante anomalie de prix chez Migros

Un lecteur à qui on ne la fait pas a remarqué d’étranges différences de prix dans les rayons de Migros. Confronté aux découvertes du Vaudois, le géant orange, qui fête ses 100 ans cette année, reconnaît une erreur dans un cas et explique ses pratiques.
Publié: il y a 28 minutes
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Dernière mise à jour: il y a 25 minutes
Acheter les gros emballages ne signifie pas forcément faire une bonne affaire, constate un client vaudois de Migros.
Photo: Keystone
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Antoine HürlimannResponsable de l'actualité de L'illustré

A Migros, plus cʼest gros, plus ça passe? Un lecteur de Lʼillustré a fait un étrange constat en scrutant les prix des épices, même si, a priori, sa découverte nʼa rien dʼune révolution copernicienne: les prix de certains produits aux 100 grammes diffèrent selon la taille de leur contenant. Là où son observation est néanmoins particulièrement intrigante, cʼest que, contrairement à une règle économique largement admise qui veut que plus le volume dʼune denrée est important, plus son prix est bas, la recharge ou le gros contenant dʼun même produit sont parfois vendus plus cher que leur version miniature dans les rayons du géant orange.

Clarifions cette gymnastique des méninges avec des exemples précis. Au moment où lʼinformation nous parvient, le petit flacon dʼail granulé M-Classic de 66 grammes est vendu 0,65 franc, ce qui revient à 1 franc les 100 grammes. Son grand frère de 135 grammes est, quant à lui, facturé 1,70 franc, soit 1,30 franc les 100 grammes. Comment expliquer ces 30 centimes de différence alors quʼil sʼagit exactement du même produit? Rebelote avec le curry doux M-Classic et le paprika doux moulu M-Classic. A propos de ce dernier, les 100 grammes valent même 40 centimes de plus sʼils remplissent un grand bocal.

Une erreur dans le lot

Notre lecteur remarque un cas encore plus mystérieux: celui du poivre blanc moulu M-Classic. Si vous en achetez 50 grammes dans sa version en verre, il vous est demandé 1,20 franc. Si vous optez pour son sachet de recharge faisant précisément le même poids, vous devez débourser 1,30 franc. «Comme consommateur, je regrette que Migros adopte une politique de prix totalement obscure qui mène à la suspicion de se 'faire avoir' lors de chaque achat, qui pousse à consommer des emballages inutiles et qui casse la confiance que lʼon pouvait avoir envers cette entreprise», peste ce Vaudois à qui on ne la fait pas.

«
Nos prix ne sont pas fixés de manière obscure ou arbitraire
Tristan Cerf, porte-parole de Migros
»

Nous avons contacté Migros, qui fête ses 100 ans en grande pompe cette année. Comment expliquer que les recharges de certains produits (un nombre certain de produits, même…) soient vendues plus cher aux 100 grammes que les produits à usage unique? Cette politique tarifaire, qui favorise de fait les emballages à usage unique, nʼest-elle pas contradictoire avec les engagements en faveur de la durabilité clamés haut et fort par Migros? Par ailleurs, comment expliquer que ces prix ne respectent pas la règle économique de base que nous rappelions en début dʼarticle? Le service de presse commence par faire amende honorable et reconnaît «une erreur» concernant le poivre blanc. Vérification faite par nos soins, après notre échange, celle-ci a bel et bien été corrigée dans toute la Suisse. Le prix aux 100 grammes est désormais identique dans sa version en verre et dans son sachet plastique de recharge.

Une demande plus faible pour les gros paquets

Bien! Quid du reste? Comment justifier les différences qui subsistent? «Il est important pour Migros de proposer lʼalternative en recharge sur certains produits dʼépices, amorce Tristan Cerf, porte-parole. Mais la demande est plus faible pour ces produits, les quantités plus petites, d’où un prix de production pas forcément plus favorable aux 100 grammes. La raison des préférences de notre clientèle est difficile à analyser, mais la taille des armoires à épices et la longue conservation de ces produits jouent peut-être leur rôle dans ces choix de consommation.» Il complète et défend les pratiques de son employeur: «Nos prix ne sont pas fixés de manière obscure ou arbitraire. Ils reflètent la situation du marché et sont comptés au plus près des coûts réels du produit. La situation très concurrentielle du marché du commerce de détail nous oblige à fixer nos prix au plus bas. Cʼest le marché en effet qui contrôle les prix.»

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Du côté de l’ail granulé, le prix aux 100 grammes varie de 30 centimes selon l’emballage.
Photo: Migros

Depuis le signalement de Lʼillustré, Migros a-t-elle identifié dʼautres erreurs dans ses magasins? Le communicant se veut rassurant: «Nous monitorons constamment le système et les erreurs sont très rares. Sur 40'000 produits, celles-ci ne peuvent pas être exclues… comme ne peuvent pas être exclues les fautes de frappe sur un texte de 40'000 mots. Mais votre rôle de surveillance, je veux dire, celui des médias est également très important. Dès que vous voyez quelque chose, cʼest super de nous le faire savoir. Et comme vous le voyez, nous prenons vos observations au sérieux.»

Des explications qui nʼapaisent pas notre informateur vigilant: «Migros ne fait toujours pas la transparence sur ses prix et sur les choix stratégiques qui en découlent. Je maintiens en outre que les différences qui nous intéressent nʼont rien de rationnel. Mais les consommatrices et consommateurs sont au moins désormais avertis: acheter le gros emballage ne signifie pas forcément faire une bonne affaire, bien au contraire. Du moins chez Migros.»

Un article de L'illustré

Cet article a été publié initialement dans le n°20 de L'illustré, paru en kiosque le 15 mai 2025.

Cet article a été publié initialement dans le n°20 de L'illustré, paru en kiosque le 15 mai 2025.

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