Et si vous pouviez déduire votre femme (ou votre homme) de ménage de vos impôts? C’est en tout cas la proposition que fera le député vert’libéral David Vogel, annonce-t-il en primeur à Blick. Dans les détails, l’élu déposera ce mardi 26 septembre un postulat au Grand Conseil vaudois.
Cet enseignant au gymnase ne le fait pas uniquement dans l’espoir d’alléger sa déclaration. Il voit en cette démarche un vrai levier contre le travail au noir. «Quand on parle de cette problématique, on pense souvent aux méchants patrons qui refusent de déclarer leurs employés, amorce-t-il. Dans ce cas de figure, ce n’est que partiellement correct.»
Il prend pour preuve son expérience personnelle. «Il m’a fallu cinq ou six coups de fil avant de tomber sur une femme de ménage d’accord d’être déclarée, affirme-t-il. Les deux parties préfèrent souvent faire des économies à court terme, c’est une réalité aux conséquences potentiellement terribles à laquelle il faut mettre fin.»
Une «incitation concrète»
Pour illustrer son propos, David Vogel cite notamment le cas des individus qui arrivent à la retraite ou qui divorcent et qui ne perçoivent aucune rente, car ils n’ont jamais rien déclaré. «Ceux-ci finissent au social alors qu’ils ont travaillé», souffle-t-il.
Comment y remédier? Voici son idée: les employeurs qui annoncent officiellement leur femme ou homme de ménage doivent pouvoir défiscaliser le montant qu’ils paient. «Cela entraînerait mécaniquement une hausse de cinq francs environ du tarif horaire pour les charges, mais cette hausse pour l’employeur serait plus que compensée par la défiscalisation», estime le Vaudois.
Toujours selon sa calculette, le boss qui ne déclare aujourd’hui pas son employé gagnerait dans l’opération un montant situé entre quelques dizaines de francs et près 300 francs. «Ceux qui déclarent déjà seront davantage récompensés que ceux qui ne le font pas puisqu’ils paient déjà approximativement cinq francs supplémentaires, développe-t-il. C’est une incitation concrète.»
Un cadeau fiscal pour les riches?
Soit. Mais questionnons cette manière de faire. Le Vert’libéral ne souhaite-t-il pas surtout offrir un susucre fiscal aux personnes qui ont les moyens d’avoir une femme de ménage et dont on peut de fait penser qu’elles ne sont pas les plus à plaindre? David Vogel rétorque par la négative. «Mon postulat prévoit un montant déductible maximum de 5000 francs, justement pour éviter que la baisse soit 'infinie' et ne profite qu’aux ménages les plus aisés», insiste-t-il.
Il poursuit son argumentaire, sans citer les sources d’où il tire ses assertions: «La majorité des gens à faire appel à une aide pour le ménage le fait deux fois par mois et vit dans des appartements de une à quatre pièces. Ici, on ne parle pas des plus riches. Mais d’un ménage de la classe moyenne où les deux conjoints travaillent ou encore des parents avec enfants qui veulent se libérer de cette charge.»
Le député croit sérieusement en les chances de son texte. Même s’il prophétise d’âpres débats en plénum. «La gauche va devoir choisir entre sa haine des baisses fiscales et le fait de sortir bon nombre de personnes à petits revenus de l’illégalité, anticipe-t-il. Je parie qu’ils opteront pour la haine des baisses fiscales.»
À noter que la question devrait aussi prochainement se poser sur Fribourg. David Vogel indique en effet que son homologue Sandra Lepori reprendra ce postulat. «Il n’est pas impossible que d’autres députés vert’libéraux d’autres cantons s’engagent également dans la foulée», se réjouit-il encore.