Les prêteurs sur gage en veine
«Plus les gens vont mal, plus nos affaires marchent»

Le renchérissement touche tout le monde. C'est ce que confirment les gérants du mont-de-piété de Granges (SO). Depuis des semaines, les prêteurs sur gage de cette ville ont fort à faire, apprend Blick lors d'une visite des lieux.
Publié: 30.01.2023 à 22:25 heures
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Stefan Gautschi et Bruno Megaro (à droite) tiennent un mont-de-piété à Granges (SO).
Photo: Samuel Walder
Samuel Walder

Un vélo, des bijoux, des tableaux ou des téléphones portables. Les gérants de la consigne de Granges (SO) acceptent presque tout. Les deux directeurs, Bruno Megaro et Stefan Gautschi, ont ouvert leur établissement de prêt sur gage il y a un peu plus de sept ans. Aujourd'hui, l'inflation joue plus que jamais en leur faveur.

Dans une arrière-salle du magasin, Blick est assis à une table avec les deux hommes. Leur bureau se trouve à côté. Mais les personnes non autorisées ne peuvent pas y entrer, car tout leur argent se trouve dans cette pièce, expliquent-ils. Bruno Megaro sirote son café et commence à parler: «Nous aussi, nous ressentons le renchérissement.» Cela se traduit par une augmentation de la demande: «Plus les gens vont mal, plus nos affaires marchent.»

Après la pandémie de Covid-19, les gens avaient encore de l'argent parce qu'ils pouvaient économiser: «Mais maintenant, avec la hausse des prix, il y a de plus en plus de gens qui veulent mettre des objets en gage.»

Blick dispose d'une enquête représentative provenant du portail de comparaison Comparis, réalisée pour notre média fin 2022. «Quatre personnes sur cent envisagent d'aller chez un prêteur sur gage parce que les prix ont augmenté», peut-on y lire. Il n'y a pas de valeurs comparatives avec les années précédentes.

Ce qui est frappant, selon l'expert financier de Comparis Michael Kuhn, c'est que «le renchérissement pousse des gens de toutes les couches sociales vers les prêteurs sur gage». Ce sont surtout les hommes de moins de 65 ans qui envisagent de déposer bijoux, vêtements et autres objets de valeur contre de l'argent liquide. Autre fait intéressant: davantage de personnes ayant un niveau d'éducation élevé ainsi que les ménages avec enfants prévoient de se rendre chez le prêteur sur gage, selon Michael Kuhn.

Comment fonctionne un mont-de-piété?

Le concept d'un mont-de-piété est simple. «Quelqu'un qui a besoin d'argent vient nous voir et nous montre un objet dont il n'a pas forcément besoin», explique Bruno Megaro. Ensuite, le prêteur la valeur de l'objet. Le client et le prêteur sur gage se mettent d'accord sur une somme: «La somme doit toutefois être inférieure à la valeur réelle de l'objet.» Sinon, en cas de doute, il ne pourrait plus être vendu.

«Nous payons la somme convenue», explique le prêteur sur gage. À partir de là, le client a trois mois pour rembourser l'argent prêté, plus les intérêts. Si le client ne revient pas, Bruno Megaro et Stefan Gautschi donnent un nouveau délai à la personne. Si le client ne vient à nouveau pas, l'objet appartient automatiquement au prêteur sur gage. «Le cas échéant, nous essayons de vendre l'objet», explique Bruno Megaro.

Les monts-de-piété offrent des alternatives aux prêts bancaires

«Beaucoup de gens veulent mettre en gage des bijoux en or ou en argent, explique Bruno Megaro. Dans ce cas, nous devons toujours avoir le prix actuel sous les yeux.» Sinon, ils verseraient une somme erronée. Les deux hommes doivent donc constamment garder un œil sur le marché de l'or. En raison de l'actualité mondiale, le cours évolue constamment.

«La plupart du temps, ce sont des montants entre 100 et 1000 francs que nous sortons. C'est de l'argent facile pour ces gens», explique-t-il. Surtout pour les personnes vivant en grande partie avec le minimum vital et qui doivent encore payer des factures à la fin du mois.

Pour ces personnes, le mont-de-piété est souvent une alternative bienvenue à la banque. «Au lieu de prendre un crédit, elles viennent chez nous pour obtenir de l'argent rapidement, elles ne doivent de plus pas obligatoirement le rembourser», explique Bruno Megaro. Il confirme toutefois l'enquête de Comparis: «Toutes les couches sociales passent chez nous.» Hommes d'affaires, classes supérieures, moyennes et inférieures – «il y a de tout», poursuit le gérant.

Presque personne ne récupère les bijoux

Et comment un prêteur sur gage gagne-t-il sa vie? Un exemple: une femme apporte une chaîne en or et reçoit 500 francs pour cela. Sur ces 500 francs, le mont-de-piété a un intérêt de 3,5%. «Au bout de trois mois, la femme doit donc rembourser les 500 francs, y compris les 3,5% d'intérêt mensuel. Cela fait alors 552,50 francs.»

De nos jours, il est toutefois rare que quelqu'un vienne récupérer les bijoux en or. «Nous faisons fondre 80% des bijoux en or qui restent chez nous», explique Stefan Gautschi. Cela permet de mieux vendre l'or.

Les deux prêteurs sur gage ont confiance en l'avenir: «Nous pensons que les monts-de-piété reviendront en force dans les années à venir.» Cela devrait dépendre du niveau toujours plus élevé de l'inflation...

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