Les déboires du Tournoi de foot des élus
Le maire de Vernier a traité un député genevois de «fils de pute»

Un député au Grand Conseil de Genève sort du bois: le maire de la commune de Vernier l'a traité de «fils de pute», pendant le Tournoi de football des élus d'octobre dernier à Carouge. Il envisage de déposer une plainte.
Publié: 08.11.2023 à 19:03 heures
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Dernière mise à jour: 09.11.2023 à 08:46 heures
Le 8 octobre, un tournoi de foot entre les élus du Canton et des communes de Genève semble avoir dégénéré. (Image d'illustration)
Photo: keystone-sda.ch
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Un maire est-il tenu au devoir d'exemplarité en toutes circonstances, de lundi en salle de réunion à dimanche sur le terrain de foot? C'est la question que pose le récit d'un incident qui s'est produit le 8 octobre dernier à Carouge, lors du Tournoi de football des élus.

La rencontre — qui s'apparente à une sortie d'entreprise — avait vu s'affronter les membres du Grand Conseil de Genève et de différents exécutifs ou législatifs des communes genevoises. Un rendez-vous qui se voulait «amical», mais qui n'a pas manqué de dégénérer. Un mois après les faits, un élu sort du bois sur nos plateformes.

Une rencontre particulièrement houleuse

À savoir: le député du Mouvement citoyens genevois (MCG) au Grand Conseil Skender Salihi accuse le maire de la commune de Vernier, Mathias Buschbeck, de l'avoir traité de «fils de pute» sur le terrain pendant un match. Nous avons pu consulter un échange de messages entre les deux hommes a posteriori. Le maire lui-même nous confirme par ailleurs les faits. Skender Salihi affirme qu'il se réserve le droit de porter plainte (ce qu'il n'a pas — encore? — fait à l'heure actuelle).

Une rencontre particulièrement houleuse: quelques jours après le tournoi, «20 minutes» avait relayé une scène d'insulte et de crachat qui s'y serait produite, impliquant deux anciens élus (c'est un autre membre du MCG qui aurait insulté un ex-élu du Centre, cette fois). Ce n'était donc, de toute évidence, pas le seul incident survenu ce jour-là.

Insulté sur le terrain

Pourquoi Skender Salihi a-t-il attendu un mois avant de témoigner, au lieu de rendre l'incident public dans la foulée de l'article de nos confrères? Il ne souhaite pas répondre à cette question.

Un membre du même parti confie néanmoins à Blick: «On ne voulait pas faire de vagues en pleine période électorale», les élections au Conseil national et le premier tour des États se tenant deux semaines après le tournoi.

Que s'est-il passé ce dimanche 8 octobre, au juste? Skender Salihi nous livre sa version, à l'autre bout du fil: «L'équipe du Grand Conseil, dont je faisais partie, affrontait celle de la commune de Vernier. Monsieur le maire jouait en défense, moi en attaque. À un moment donné, alors qu'il avait la balle, j'ai mis le pied dessus pour prévenir l'attaque. Il est alors tombé au sol — c'est là qu'il m'a traité de 'fils de pute'. Ça lui a valu un carton rouge.»

Et après? Le député MCG au parlement poursuit: «Lui, il dit qu'il s'est tout de suite excusé, dans la foulée. Mais moi, j'étais tellement préoccupé sur le moment, que je ne m'en souviens pas. D'où notre échange de messages par la suite.»

La suite par mail

L'histoire ne s'arrête pas là. Douze jours après le tournoi, Skender Salihi s'est en effet fendu d'un mail à l'attention de Mathias Buschbeck, où il lui demande des excuses formelles. Il ajoute envisager de porter plainte dans le cas contraire — toujours d'après les messages que nous avons pu consulter.

Le député justifie son courroux en ces termes: «En tant que maire de la commune de Vernier, vous occupez une position d'influence et de responsabilité, et je m'attendais à une attitude exemplaire de votre part. Malheureusement, cela n'a pas été le cas.»

Le principal intéressé lui rétorque, via son mail privé, quelques jours plus tard: «Je m'autorise dans un premier temps à vous signaler que m'étant déjà excusé immédiatement après sur le terrain, j'ai pensé que cet incident était clos. Ce n'était manifestement pas le cas, je vous réitère donc mes sincères excuses.»

Une insulte impersonnelle?

Mathias Buschbeck précise néanmoins, dans sa missive à l'élu MCG, que «ce juron [...] ne vous était pas adressé, mais témoignait d'une interjection de douleur au moment de l'agression physique que je venais de subir. En étant l'auteur, je conçois parfaitement que vous ayez pu penser qu'il vous était adressé et je le regrette.»

Contacté, le maire de Vernier confirme les faits. Il fait néanmoins part de sa confusion, quant à l'importance de cet incident: «Je venais de me prendre un vilain coup dans les chevilles (ndlr: juste avant de proférer l'insulte), nous répond-il par écrit. Sur le moment, j’ai eu mal et surtout peur d’une blessure grave. Dans le feu de l’action, j’ai effectivement exprimé ce juron. Je regrette que ce Monsieur a pensé qu’il lui était adressé, et je m’en suis excusé.» 

Et le maire d'ajouter: «Je pensais qu’avec mes excuses, cet incident était clos, mais Skender Salihi m’a effectivement relancé deux semaines plus tard par courriel. [...] Je participe à ce tournoi depuis une vingtaine d’années, je suis vraiment triste de constater que l’animosité y a remplacé la convivialité, qui devrait être le maître-mot de cet évènement.»

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