Un peu plus d’une semaine après le drame, Benoît Gaillard raconte pour la première fois comment il a intimement vécu la catastrophe du Simplon, ce lundi 8 avril. «J’étais à l’étranger, glisse à Blick le président du conseil d’administration de la Compagnie générale de navigation sur le Léman (CGN). Lorsque la crise s’est précipitée, j’ai évidemment suivi les événements durant la nuit, heure par heure.»
Souvenez-vous. Nous sommes dans les ténèbres du 30 mars. Le bateau Belle Époque, plus que centenaire, est amarré au ponton de Cully (VD). Malgré la tempête annoncée, le majestueux vapeur en panne a été laissé là. Et d’importantes vagues le malmènent, le fracassent même, sous l’œil des médias et d’habitants du coin sortis de leur lit pour observer la lutte sans merci entre les éléments et ce mastodonte d’une valeur de plusieurs millions de francs. L’aube paraît si loin.
Fin du flashback. Aujourd’hui, des experts indépendants ont été mandatés par l’organe dirigé par le conseiller communal (législatif) socialiste lausannois. Objectifs? «Établir précisément et de manière objective l’enchaînement des événements et les processus décisionnels ayant conduit à la crise. Le but de la démarche est d’établir les responsabilités et de tirer de cet accident les conséquences nécessaires en vue également d’éviter qu’une telle situation se reproduise.»
«La peur puis la tristesse»
De l’eau va couler sous les ponts d’ici à ce que les investigations soient terminées et que les résultats soient rendus public, comme promis dans un communiqué de presse de la CGN. En attendant, Benoît Gaillard se remémore la catastrophe, qui a gravement endommagé le navire. «En voyant les images, déjà durant l’événement, j’ai ressenti d’abord de la peur: la peur du pire, la peur de perdre le Simplon ou qu’il y ait des dégâts humains. Et puis ensuite beaucoup de tristesse.»
Il enchaîne: «J’ai interrompu mes vacances pour revenir en Suisse, avec la volonté d’éclaircir les événements, ce que nous faisons avec cette enquête indépendante, mais aussi de rapidement exprimer que ce joyau patrimonial, une fois sauvé de ce mauvais pas, devra être remis en état. Quand et comment, il est encore tôt pour le dire. Mais le Simplon devra naviguer à nouveau.»
Seule chose certaine à ce stade, le géant du Léman, avec ses 78 mètres de long, ne sortira plus cette année. «J’ai aussi ressenti de la gratitude pour toutes les personnes qui se sont mobilisées de façon extraordinaire, de la CGN mais aussi des services de secours», souffle Benoît Gaillard.