Des échanges de mail révélés
Le porte-parole de Beat Jans a-t-il censuré une ado par vanité?

En début d'année, le porte-parole de Beat Jans a empêché que le film d'une gymnasienne zurichoise soit projeté dans son intégralité. De nouveaux documents montrent qu'il n'avait pas seulement des doutes sur le contenu, mais qu'il était aussi dérangé par des critiques.
Publié: 06:49 heures
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Dernière mise à jour: il y a 16 minutes
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Oliver Washington (à droite) est le chef de la communication du conseiller fédéral Beat Jans.
Photo: keystone-sda.ch
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Lucien Fluri

Cette affaire avait agité la Suisse en avril. Au gymnase de Rämibühl, une élève n'a pas pu projeter son film comme prévu, tourné dans le cadre de son travail de maturité. Son travail portait sur la communication du conseiller fédéral Beat Jans. En point de mire: Oliver Washington, le chef de la communication du ministre de la Justice. Cet ancien journaliste de la SRF avait donné à l'élève un aperçu de son travail au quotidien, jusqu'à soudain faire marche arrière.

Oliver Washington a fait biffer des déclarations et s'est opposé avec véhémence à la diffusion publique de ce film. Pour tenter de justifier cette «censure», Oliver Washington a expliqué que l'information avait été donnée dans un cadre privé et amical. Il avait été convenu que le travail ne serait pas publié mais l'élève n'aurait pas respecté cette décision, car sa vidéo devait être mise à disposition de la bibliothèque.

La vanité en jeu?

Blick a mis la main sur des extraits de l'échange de courriels entre Oliver Washington et la directrice de l'école cantonale. Les documents que nous avons obtenus en vertu de la loi sur la transparence le montrent: les déclarations recueillies n'étaient pas le seul problème d'Oliver Washington. 

En effet, certaines critiques à l'encontre du porte-parole de Beat Jans ont aussi heurté Oliver Washington. Car dans la vidéo en question, l'élève a laissé une tierce personne commenter le retrait de l'interview d'Oliver Washington, ainsi qu'une autre de ses déclarations.

S'il avait su dès le début que cette personne aurait commenté ses propos, il n'aurait «pas donné l'interview», écrit Oliver Washington à la rectrice. Puisqu'il n'a pas pu répondre à cette critique, «dans la vidéo, la souveraineté d'interprétation» reste entre les mains de la commentatrice.

Nous ne sommes pas certains de l'identité de cette personne, car le département de Beat Jans a masqué les noms dans les documents que nous avons reçus. Toutefois, il s'agit probablement de la réalisatrice de la RTS Kathrin Winzenried, qui, selon des rapports de presse antérieurs, est aussi la protagoniste de la vidéo. Pourquoi donc Oliver Washington a-t-il été gêné par les critiques d'une ancienne collègue?

Un juriste fédéral impliqué

Selon d'anciens rapports de presse, Oliver Washington avait affirmé qu'aucun membre de la Confédération n'était intervenu dans ce travail de maturité. Mais les documents prouvent que le porte-parole d'Oliver Washington a tout de même eu recours aux services de la Confédération pour faire avancer l'affaire. Il a ainsi consulté le service juridique du Département de la justice et argumenté auprès de la rectrice du gymnase avec les estimations du «chef du service juridique du secrétariat général».

Sur la base des documents disponibles, cette intervention était-elle disproportionnée? En effet, le travail de maturité n'aurait jamais été rendu public, seulement deux brefs extraits lors de la présentation du travail. Ensuite, la vidéo aurait disparu «dans une armoire fermée à clé» dans la bibliothèque de l'école, comme l'a assuré la directrice de l'établissement à Oliver Washington.

La consultation n'aurait été possible «dans ce cas particulier qu'avec l'autorisation de la direction de l'école». Mais ce n'est qu'après les articles de presse qu'Oliver Washington ne s'est plus opposé à cette solution. Précisons que nous n'avons pas eu accès à l'intégralité des échanges de courriels. Ce qu'Oliver Washington lui-même a écrit à cette élève reste secret. Le département de Beat Jans a conservé cette partie, par respect pour la sphère privée de la candidate à la maturité.

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