Gaza brûle… et la Suisse regarde ailleurs? Pour le conseiller national socialiste Jean Tschopp, pas de doute: la position de la Confédération après deux ans de guerre en Palestine devient intenable. «Je n’ai pas le souvenir d’une situation aussi catastrophique face à laquelle la Suisse se fait aussi discrète», déplore-t-il. Ce mercredi, l'élu vaudois dépose une interpellation en ce sens au Parlement pour forcer le Conseil fédéral à sortir de sa torpeur, annonce-t-il en exclusivité à Blick.
En préambule, Jean Tschopp tient à rappeler des chiffres alarmants: «Selon l'ONU, 408 travailleurs humanitaires ont trouvé la mort dans les territoires occupés depuis le 7 octobre 2023. Aux frappes incessantes, destructions d’hôpitaux, d'écoles et déplacements forcés s’ajoute le siège imposé par le gouvernement israélien. Pendant ce temps, Trump parle de construire des camps de vacances à Gaza. C'est épouvantable et justifie une réaction claire.»
Alors, le parlementaire le reconnait: les diplomates suisses tentent de faire leur travail et ne sont pas responsables de ce retrait helvétique manifeste sur la question de Gaza. C'est bien la position du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et de son chef que Jean Tschopp souhaite clarifier: «Ignazio Cassis se mure dans un silence assourdissant. Cette position est incompréhensible au vu de la tradition humanitaire de notre pays.» Un mutisme qui interpelle d'autant plus, puisque la politique étrangère de la Suisse est claire et définie depuis des années dans des textes de loi. C’est dans ce contexte que le représentant du parti à la rose interpelle la Confédération. Il veut savoir ce que fait la Suisse pour lever le blocus de Gaza, protéger les humanitaires sur le terrain et s’impliquer réellement dans les négociations pour un cessez-le-feu et une solution à deux Etats.
«Notre réputation doit être entretenue»
«Ce qui m’inquiète, c’est que cela crée un dangereux précédent», alerte Jean Tschopp. Toujours d'après le Lausannois, la neutralité suisse ne doit jamais être un prétexte à l’inaction. «La neutralité est un atout pour que la Suisse offre ses bons offices. Cette réputation doit être entretenue.» Il réitère par la même occasion son soutien à l'ONU et à l'agence pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), rudoyées depuis plusieurs mois par certains partis nationaux, mais aussi à travers le monde: «L’UNRWA a démontré que son expérience et sa présence sur le terrain depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en font une organisation incontournable pour aider la population gazaouie. Dans une telle situation d'urgence, on ne peut pas dire que l'on va la remplacer en un claquement de doigt.»
Hasard du calendrier ou signe d’un sursaut politique? Ce mardi, le DFAE a publié un message sur X dans lequel la Confédération se dit «alarmée par les récents développements liés à Gaza». Berne y réaffirme que «le droit international interdit l’annexion des territoires occupés et le transfert forcé de populations», tout en appelant à «un respect total du droit international, au retour immédiat au cessez-le-feu et à la libération de tous les otages». Une évolution dans le sens de la ligne traditionnelle de la diplomatie suisse, mais dont l'apparente timidité ne suffit pas à rassurer Jean Tschopp.