Ils doivent être expulsés dans trois mois. À Windisch (AG), près de 50 locataires d'un immeuble ont reçu leur congé. Là où ils vivent encore aujourd'hui, des demandeurs d'asile devraient bientôt emménager. Le canton prévoit d'installer à cette adresse un centre d'hébergement pour les demandeurs d'asile mineurs non accompagnés.
Les résiliations ont suscité une grande indignation, y compris de la part de la commune qui avait été mise devant le fait accompli par le propriétaire et le canton. Elle a contesté la décision auprès du gouvernement.
On a fait de «fausses suppositions».
Deux jours plus tard, le gouvernement argovien reconnaît ses erreurs. Le conseiller d'État responsable Jean-Pierre Gallati (UDC) «regrette les développements déclenchés par l'évaluation du centre d'hébergement pour requérants d'asile mineurs non accompagnés (RMNA) à Windisch», peut-on lire dans un communiqué de presse du canton. Lui qui déclarait avant cela ne pas vouloir «régler les différends entre le service social cantonal et la commune de Windisch par le biais des médias.»
Il déclare à présent à Blick: «Je prie les personnes concernées et le conseil communal de Windisch de m'excuser pour cette erreur.» Lors de l'examen d'aptitude de l'immeuble, le service social cantonal n'a pas tenu compte des conséquences des résiliations des locataires, explique le département argovien de la santé et des affaires sociales. Ceci parce que des «hypothèses erronées» avaient été faites.
Les familles peuvent rester plus longtemps
Le service social est parti du principe que les logements concernés étaient principalement des studios avec un délai de résiliation de 30 jours, explique Jean-Pierre Gallati. On n'avait pas conscience qu'il s'agissait aussi de grands appartements dans lesquels vivaient des familles. «Le service social cantonal n'y a pas assez pensé. Ce n'est pas possible», poursuit le conseiller UDC. «Il aurait fallu y penser dès le début et en parler avec les locataires.»
Dans une lettre adressée à la commune, le canton se défend toutefois aussi. Lors de l'entretien avec l'ancien propriétaire, il a été demandé si des bénéficiaires de l'aide sociale habitaient dans les maisons. La réponse avait alors été négative.
Le département des affaires sociales veut maintenant trouver une solution pour les personnes concernées en collaboration avec la commune et le propriétaire de l'immeuble. Le bailleur et le canton seraient en principe prêts à laisser les locataires des plus grands appartements y vivre plus longtemps – jusqu'à ce qu'ils aient trouvé un nouveau toit. «Nous les soutenons en outre dans la recherche d'un nouveau logement», explique Jean-Pierre Gallati.
Logement pour requérants d'asile comme utilisation intermédiaire
Selon le canton, 70 mineurs en fuite devraient être hébergés dans les appartements. Jusqu'à présent, il était question de 100 demandeurs d'asile. Mais entre-temps, le canton a décidé d'utiliser le logement uniquement pour les mineurs non accompagnés. Dans ce cas, le taux d'occupation est plus bas.
Le centre d'hébergement pour demandeurs d'asile sert d'utilisation intermédiaire. L'immeuble a récemment changé de propriétaire. Le nouveau, la société 1drittel Aleph AG de Wollerau (SZ), veut démolir les maisons et les remplacer par de nouvelles constructions. En attendant le début des travaux, le canton peut désormais y loger des demandeurs d'asile. Le contrat de location est limité à trois ans avec une option de prolongation de six mois.
Selon le profil LinkedIn d'un des propriétaires, l'idée de l'entreprise est d'acquérir des «biens immobiliers privés et commerciaux à potentiel» en Suisse et en Allemagne grâce aux fonds d'un groupe d'investisseurs.
Comme il en ressort de la lettre adressée par le canton à la commune, ce sont les autorités qui ont manifesté leur intérêt pour les maisons prêtes à être démolies afin d'y loger des demandeurs d'asile. «En raison de la forte fluctuation des locataires et de la préparation de la nouvelle construction», le propriétaire aurait en fait également manifesté son intérêt pour l'utilisation intermédiaire.
Déloger, est-ce bien nécessaire?
Le fait est que le gouvernement a déclaré l'urgence en matière d'asile en janvier. Cette situation officielle permettrait à l'Argovie, dans le cas le plus extrême, de contraindre des particuliers ou des communes à mettre leurs bâtiments à disposition pour un hébergement d'asile.
Mais la situation en matière d'asile est aussi difficile dans d'autres cantons, qui renoncent toutefois à mettre à la rue des locataires de longue date pour y loger des réfugiés.
Bâle-Ville, par exemple, indique disposer de suffisamment de places de réserve pour héberger les réfugiés qui lui ont été attribués, qu'il s'agisse de personnes en provenance d'Ukraine ou d'autres pays. La toute dernière possibilité serait les installations de protection civile.
D'autres cantons sont bien préparés
Selon la Direction de la santé, des affaires sociales et de l'intégration, le canton de Berne dispose actuellement de 1000 places libres. Des immeubles sont aussi mis à disposition dans des endroits isolés, comme le centre sportif dans la commune de Sumiswald (BE).
Le canton de Fribourg dispose lui aussi de nombreuses places dans plus de 1000 appartements, centres d'hébergement et hébergements collectifs.