La maladie tue les porcs et les sangliers, mais n'est pas dangereuse pour l'homme. La peste porcine africaine (PPA), épizootie hautement contagieuse, décime les bêtes infectées en quelques jours. Une menace pour la faune sauvage, mais aussi le cauchemar des éleveurs.
Si un porc domestique est contaminé, tout le cheptel est mis à mort. Au Tessin, les producteurs transpirent à grosses gouttes: le foyer le plus proche de la frontière suisse se situe à 65 km, en Lombardie.
Forêts interdites pour un an ou deux
Le manuel de crise contre la PPA, mis en place par l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), est en alerte rouge. Le virus se transmet facilement par l'homme, qui peut le transporter sur ses vêtements.
Parmi les mesures en cas de découverte d'un sanglier infecté? L'interdiction d'accéder à des pans entiers de forêts autour de l'endroit où la bête a été retrouvée. Cela même pour simplement s'y promener.
Ces périmètres fermés peuvent mesurer plusieurs kilomètres et devenir inaccessible pour un an ou deux, explique le vétérinaire cantonal tessinois à «20 minutes», le 31 mai.
Recherche de cadavres infectés
Si l'épizootie se propage, les mêmes mesures seraient appliquées dans le canton de Vaud ou à Genève. Elles se font en plusieurs étapes, dès lors qu'un sanglier serait atteint de la PPA. L'interdiction d'accéder à des zones de forêt ne serait prononcée qu'après 30 jours d'intenses analyses et recherches d'autres cadavres infectés.
«Les restrictions peuvent aller de la promenade uniquement sur les chemins balisés, à l'interdiction d'accès du secteur», tempère le vétérinaire cantonal vaudois, Giovanni Peduto. «La topographie du canton, la densité de population de sangliers, la présence d’exploitations porcines sont des éléments pris en compte, pour définir les régions d’interdiction», ajoute Yves Bellégo, chargé de communication à l'office cantonal genevois de la santé.
Tous les bois concernés
Certaines forêts de l'arc lémanique sont-elles dans le viseur des services vétérinaires? Non, mais ce n'est pas forcément une bonne nouvelle. «Toutes les forêts et espaces de vie dans lesquels des sangliers vivent seraient potentiellement concernés par ces mesures», indique ainsi Yves Bellégo.
«Le monitoring n'est pas fait par secteur géographique ou par forêt, développe le docteur Giovanni Peduto. Il est réalisé par des analyses effectuées sur des sangliers péris sans raison apparente et qui sont retrouvés dans la nature, peu importe le lieu.»
Ces analyses permettent de détecter au plus vite la présence de la peste porcine, et d'agir de manière ciblée, avec le moins de restrictions possible. «Pour le moment, toutes les analyses effectuées en Suisse sont négatives», rapporte le vétérinaire cantonal vaudois.
Pas de salami des pays de l'Est
L'OSAV organise par ailleurs des exercices de simulation d'une épidémie de peste porcine. Vaud et Genève ont participé à ces exercices «type État-Major» depuis 2021. La mouture 2024 aura lieu bientôt. Le canton de Vaud organise également une veille, en surveillant de près ce qui se passe au Tessin et en Italie.
La maladie est également présente dans la partie orientale de l'Allemagne, depuis 2022. En France, aucun cas n'a été recensé. Les pays de l'Est sont plus violemment touchés, la peste porcine étant apparue en 2007 en Géorgie.
Ramener des saucisses ou de la viande de porc de ces régions est donc vivement déconseillé. Le virus survit en effet même dans de la chair morte.