La fin du chaos des mesures
Depuis 150 ans, la Suisse mesure en mètres et pèse en kilos

La Suisse célèbre 150 ans d'utilisation du système métrique. Le 20 mai 1875, elle a signé la Convention du mètre avec 17 autres Etats, s'engageant à adopter les unités de mesure internationales. Cette décision a mis fin à un chaos de mesures variées à travers le pays.
Publié: 06:18 heures
La création de l'Etat fédéral en 1848 fit passer les poids et mesures sous l'autorité de la Confédération, tandis que les cantons restaient chargés du contrôle (archives).
Photo: PETER KLAUNZER
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ATS Agence télégraphique suisse

Depuis 150 ans, la Suisse mesure en mètres et pèse en kilogrammes. Le 20 mai 1875, elle a signé la Convention du mètre avec 17 autres Etats. Elle s'engageait ainsi à utiliser les unités de mesure internationales. Une loi fédérale introduite la même année a généralisé le système métrique, comme l'indique le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS). Le mètre, le litre et le gramme ont été définitivement introduits en janvier 1877.

Un chaos des mesures

Avant cette uniformisation, il régnait en Suisse un grand chaos dans ce domaine. Pour ne citer que quelques exemples, les longueurs étaient mesurées en pieds, en coudées et en aunes. Le poids pouvait être mesuré entre autres en livres et en onces. Mais la livre recouvrait des réalités très variées, allant d'un peu plus de 300 grammes (comme l'ancienne libra romaine) à plus de 900 grammes. Les céréales ou le sel n'étaient toutefois pas pesés, mais indiqués en nombre de sacs.

Parmi ces nombreuses unités de mesure, il y avait aussi des variations en fonction de l'utilisation et du lieu. Ainsi, les surfaces cultivées en viticulture étaient mesurées avec une autre unité de mesure que celles utilisées dans l'économie alpestre. Une coudée mesurait 545,9 millimètres dans le canton de Soleure, mais 600 millimètres dans le canton voisin de Berne. Un pied mesurait entre 26 et 36 centimètres.

Les villes utilisaient parfois des mesures plus petites que leur environnement rural, tandis que les régions laitières utilisaient des unités plus grandes. Pour le lait, l'huile et le miel, on utilisait en outre des mesures spéciales. En général, on mesurait les champs et les prairies non pas d'après leurs longueur et largeur, mais à l'aide d'unités correspondant à la superficie qu'un homme pouvait labourer ou faucher en un jour.

Un premier pas pour quelques cantons

Une première tentative d'uniformisation a été entreprise par quelques cantons en 1835. Avec le Concordat pour un régime suisse commun des poids et mesures, le système métrique a été introduit comme système de référence dans douze cantons. Les anciennes unités ont certes été conservées, mais elles ont été mises en relation avec le système métrique. La loi fédérale du 13 mars 1851 a étendu ces dispositions à toute la Suisse.

Mais les cantons d'Uri, de Genève, du Tessin, de Vaud et du Valais s'y opposèrent: le canton d'Uri voulait conserver sa mesure prérévolutionnaire, tandis que les cantons latins ne voulaient pas abandonner tout ou partie de leurs systèmes. Pour favoriser le commerce avec la France, les cantons romands avaient en effet introduit le système métrique, entièrement ou partiellement, entre 1800 et 1827, mais en donnant aux nouvelles unités les noms traditionnels. Le Tessin avait quant à lui repris à son compte, en 1826, une partie des anciennes unités milanaises.

Cette coexistence n'a été définitivement supprimée qu'après l'adhésion de la Suisse à la Convention du mètre, signée à Paris en 1875. L'adoption du système métrique en janvier 1877 permit enfin d'unifier les poids et mesures dans l'ensemble de la Suisse. En outre, il a été décidé de fabriquer des étalons pour les unités du mètre et du kilogramme.

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