La cave inondée dix fois en trois ans
Pour une famille vaudoise, le rêve d'avoir une maison tourne au cauchemar

Une famille a acheté une maison individuelle pour 1,4 million de francs entre Nyon et Genève. Mais la joie a été de courte durée: en l'espace de trois ans, leur cave a été inondée dix fois. De graves défauts de construction seraient à l'origine de cette situation.
Publié: 21.01.2024 à 19:05 heures
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Les défauts de construction sont toujours plus nombreux en Suisse.
Photo: imago/Rupert Oberhäuser
Martin Schmidt

La première fois que la catastrophe est arrivée, la famille C. pensait encore que c'était un coup du sort unique, dû au hasard: le 7 juillet 2021, la cave de leur maison individuelle était inondée. L'assurance a donc pris en charge l'assainissement des lieux. Hélas, l'eau est revenue. Au total, la cave sera inondée une dizaine de fois jusqu'en novembre dernier, rapporte la «Sonntagszeitung».

La famille, qui souhaite rester anonyme, a acheté sa villa entre Genève et Nyon il y a sept ans. Coût du bien: 1,4 million de francs.

Face aux sinistres en série, la famille a installé une pompe fixe et a chargé un expert d'enquêter sur la cause des inondations. Celui-ci a rapidement constaté l'absence d'un système de drainage qui permet d'évacuer l'eau de pluie et l'eau stagnante. «Les mesures montrent une humidité anormale ainsi que l'apparition de moisissures», explique un rapport cité par nos confrères alémaniques. Le voisin de palier de cette maison mitoyenne, située dans un éco-quartier, est également concerné par le problème.

Des centaines de milliers de francs

Les plans de construction de la maison montrent qu'un canal souterrain est censé évacuer l'eau. Or, en creusant, les spécialistes ne sont jamais tombés dessus. Seul un film plastique est placé le long des mûrs pour garantir un semblant d'étanchéité. Étant donné l'ampleur de ces défauts, les experts estiment que des travaux de transformation coûteux sont nécessaires. Il s'agirait de refaire le réseau de conduites et l'étanchéité. Coûts estimés: 200'000 francs. Une réparation complète de tous les défauts, c'est-à-dire ceux de l'extérieur, coûterait même trois fois plus cher.

Mais qui doit assumer ces coûts élevés? Les propriétaires de la maison considèrent que l'entrepreneur Fonseca, qui a mené la construction de la villa, est responsable. Celui-ci conteste auprès de la «Sonntagszeitung» l'existence d'un défaut de construction. Le sous-traitant lui aurait assuré en 2018 que les écoulements du quartier fonctionnaient. Le problème ne serait apparu que plus tard. L'entreprise nie en outre qu'il manque un système de drainage. Selon elle, celui-ci se trouverait peut-être un peu plus loin de la maison par rapport aux plans. Elle précise aussi que les vingt autres maisons du lotissement ne sont pas touchées pas un tel problème. 

La famille porte plainte

Quoi qu'il en soit, la famille C. a désormais déposé une plainte pénale contre l'entreprise pour escroquerie et violation des règles de construction. L'affaire est en cours auprès de la justice vaudoise. La présomption d'innocence est de mise.

Il faut dire que les premiers défauts sont apparus dès la construction du lotissement. Ainsi, après une inspection, les services municipaux ont exigé de nombreuses corrections sur le chantier. Mais pour les deux maisons concernées, il était déjà trop tard. «Les murs étaient déjà posés», expliquent les services municipaux au journal dominical.

De plus en plus d'acheteurs et de locataires sont concernés par des défauts de construction. «Il y a dix ans, il fallait consacrer en moyenne 8% de l'argent investi à la seule réparation des défauts. Aujourd'hui, ce chiffre est certainement encore plus élevé», déclare Othmar Helbling de la Chambre des maîtres d'ouvrage indépendants à la «Sonntagszeitung». Il est certain que la qualité de la construction diminue et cela est également lié au manque de personnel qualifié.

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