Karin Keller-Sutter sur l'égalité
«Les femmes sont soumises à des exigences plus élevées»

A l'occasion de l'EqualVoice Summit, la ministre de la Justice Karin Keller-Sutter s'exprime dans un entretien avec Blick sur l'égalité entre hommes et femmes dans les médias, sur les préjugés qui l'agacent et sur la couverture médiatique de ses vêtements.
Publié: 02.05.2022 à 06:16 heures
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Dernière mise à jour: 02.05.2022 à 11:26 heures
Photo: Thomas Meier
Sermîn Faki

Lundi, lors du EqualVoice Summit organisé par Ringier à Zurich, tout tourne autour de la visibilité des femmes dans les médias. La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter y interviendra aux côtés d'autres invitées de marque. En tant que ministre de la Justice, elle s'engage dans la lutte contre les violences sexuelles et domestiques, qui touchent les femmes de manière disproportionnée. De son point de vue, il y a encore beaucoup à faire en matière d'égalité.

Qu'est-ce qu'EqualVoice?

L'objectif d'EqualVoice est de rendre les femmes plus visibles dans les médias et de leur donner la même voix qu'aux hommes. Le cœur de l'initiative est le facteur EqualVoice, un algorithme qui analyse la fréquence à laquelle les femmes et les hommes prennent la parole dans les articles. L'initiative a été cofondée en novembre 2019 par quatre personnes: l'éditeur Michael Ringier, le CEO de Ringier et président de l'initiative Marc Walder, Dr. Annabella Bassler, CFO de Ringier, et Katia Murmann, CPO Global Media & Groupe Blick. Plus d'informations sur le site d'EqualVoice.

L'objectif d'EqualVoice est de rendre les femmes plus visibles dans les médias et de leur donner la même voix qu'aux hommes. Le cœur de l'initiative est le facteur EqualVoice, un algorithme qui analyse la fréquence à laquelle les femmes et les hommes prennent la parole dans les articles. L'initiative a été cofondée en novembre 2019 par quatre personnes: l'éditeur Michael Ringier, le CEO de Ringier et président de l'initiative Marc Walder, Dr. Annabella Bassler, CFO de Ringier, et Katia Murmann, CPO Global Media & Groupe Blick. Plus d'informations sur le site d'EqualVoice.

Madame Keller-Sutter, si vous regardez la couverture médiatique dont vous faites l'objet: trouvez-vous que vous êtes moins bien accueillie que vos collègues masculins ou que l'on parle de vous différemment?
Je ne vois pas vraiment de différence entre les membres du Conseil fédéral. Pour les conseillères fédérales et les conseillers fédéraux, la couverture médiatique dépend des affaires qu'ils défendent ou des affaires qui intéressent le public. On est parfois assez surpris. Pour les membres du Parlement, on voit déjà une différence. On demande souvent l'avis des hommes, bien qu'il y ait aussi des femmes qui soient spécialisées dans le même domaine.

Vous avez vous-même été conseillère aux États par le passé. Est-ce que quelque chose a changé au cours des dernières décennies, ou bien les mécanismes médiatiques fonctionnent-ils toujours de la même manière?
Les choses se sont améliorées. Mon impression est que les clichés sur les femmes ont un peu diminué, notamment parce qu'aujourd'hui, davantage de femmes occupent des postes importants dans l'économie, la politique et les fonctions sociales. Lorsque je suis devenue conseillère d'État à Saint-Gall à l'âge de 36 ans et que j'ai ensuite pris la direction de la justice et de la sécurité, j'ai ressenti des préjugés. La tendance est à l'amélioration.

Vous vous habillez très à la mode. Mais on ne parle plus du tout des tenues des politiciennes. Qu'en pensez-vous?
Les vêtements ne devraient pas être au premier plan. J'essaie de m'habiller de manière à ce que cela corresponde à ma fonction. Après tout, je représente le gouvernement du pays. Je suis donc très contente que l'on ne parle pas de ma tenue vestimentaire.

Lorsque l'on accompagne des conseillers fédéraux en voyage, on remarque que les hommes se contentent d'une seule valise, alors que les conseillères fédérales en ont généralement deux. S'attend-on toujours à ce qu'une femme change de tenue constamment lors d'une visite d'État?
Là encore, l'habillement n'est pas au centre des préoccupations. Mais d'après mon expérience, il est vrai que les femmes sont généralement soumises à des exigences plus élevées que les hommes en politique, et que nous, les femmes, sommes davantage mises en avant et jugées plus sévèrement. Les femmes des partis bourgeois sont en outre critiquées pour leurs opinions. Peu de choses ont changé à ce niveau.

Les questions d'égalité ne concernent pas seulement la représentation des femmes dans les médias ou la perception du public, mais de nombreux domaines. En tant que ministre de la Justice, où voyez-vous le plus grand besoin d'agir sur le plan politique?
Très clairement dans la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale. C'est pour moi la question centrale de l'égalité. Ce n'est d'ailleurs pas seulement une question féminine. Il s'agit de l'égalité des chances pour les femmes et les hommes. Les jeunes couples en particulier souhaitent pouvoir être actifs et élever des enfants en même temps, ce qui est également important pour la société.

Et quel est le préjugé envers les hommes ou les femmes qui vous agace le plus personnellement?
Ce qui m'énerve, c'est que l'on attribue encore aux hommes la capacité d'être clairs, analytiques et de diriger, alors que les femmes sont présentées comme sensibles et émotionnelles. Au cours de ma carrière, j'ai connu les deux: des hommes très émotionnels et chaotiques et des femmes très dirigeantes et claires. Ce qui est déterminant, ce n'est pas le sexe, mais la personnalité.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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