Scène pour le moins surprenante dans le massif du Wildhorn, dans l’Oberland bernois: selon la radio SRF, alors qu’il randonnait au-dessus de l’Iffigenalp, un groupe d’environ 25 hommes a été contrôlé samedi par la police cantonale bernoise, vêtus d’anciens uniformes de la Wehrmacht, les forces armées allemandes sous le régime nazi. D’après Deborah Zaugg, porte-parole de la police cantonale, la police avait déjà été alertée la veille par des témoins.
«Le groupe était composé d’environ 25 personnes, originaires de divers pays d’Europe ainsi que des Etats-Unis», a-t-elle précisé dans l’émission Heute Morgen de la SRF.
Le port de symboles nazis n'est pas interdit en Suisse
Lors du contrôle, les policiers ont sommé les participants de retirer leurs vestes arborant des symboles nazis afin d’éviter d’éventuels conflits avec d’autres personnes croisées en chemin. Aucune poursuite pénale n’a été engagée: en l’état actuel, le port de tels symboles n’est pas encore interdit en Suisse. Les identités des participants ont toutefois été relevées.
«Le Danois était le chef»
Le groupe s’est réuni sur le petit camping d'Hasenweide, près des chutes de Simmen à Lenk, a observé un randonneur sur place. Le mardi 15 juillet, un premier camping-car en provenance du Danemark est arrivé. «L’homme portait une moustache et une petite casquette historique en coton», raconte le témoin à Blick. Il n’était pas seul: sa femme, un enfant et une femme plus âgée l’accompagnaient. «Le Danois semblait être le chef», suppose le randonneur.
Le lendemain, d’autres véhicules sont arrivés, venant de différents pays, y compris de Suisse, notamment du canton de Vaud. Pendant un long moment, ils ont échangé discrètement des vêtements et des objets. «Les hommes restaient près de leurs voitures», raconte encore le témoin. A l’intérieur, se trouvaient de grosses valises dont ils négociaient le contenu. «Ils faisaient attention à bien cacher les marchandises», ajoute-t-il. Il pense qu’il s’agissait d’objets de collection. «Les tubes argentés semblaient particulièrement prisés», précise-t-il, sans savoir ce qu’ils contenaient exactement, car ces tubes ne portaient aucune inscription.
Plusieurs hommes portaient des coiffes militaires historiques, et au moins un avait même une tenue militaire d’époque. «Cela m’a vraiment surpris», confie le randonneur. Sur le camping, aucun drapeau ou symbole nazi n’était visible. Plus tard, des sacs à dos lourds ont été préparés. «Je n’ai pas osé prendre de photos», avoue le témoin, gêné par la discrétion et la suspicion qui entouraient ces échanges.
Le groupe a aussi monté des tentes. Devant une tente plus grande, une dizaine de piolets d’alpinisme étaient plantés en demi-cercle dans le sol. Pourtant, les hommes n’ont pas passé la nuit sur place. «Ils sont partis pendant la nuit», explique le randonneur.
Interdiction en discussion
Une majorité de partis, de cantons et d'associations souhaite interdire l'utilisation et la diffusion de symboles nazis en public. La consultation correspondante sur une loi spéciale du Conseil fédéral s'est achevée au printemps de cette année. Toute personne qui enfreindrait cette loi à l'avenir devrait être punie d'une amende d'ordre de 200 francs.
Le Conseil fédéral veut interdire non seulement la croix gammée, le salut hitlérien et les runes SS, mais aussi les codes numériques tels que «18» et «88», qui pourraient être lus comme «Adolf Hitler» ou «Heil Hitler». C'est le contexte qui doit décider quand de tels symboles sont punissables.