Face au harcèlement à l'armée
Le Conseil fédéral ne veut pas de troupes exclusivement féminines

L'armée est confrontée à une faible proportion de femmes et à des cas de discrimination et de harcèlement. Mais le Conseil fédéral s'oppose fermement aux propositions visant à créer des troupes féminines séparées. Pourquoi?
Publié: 12:01 heures
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La proportion de femmes dans l'armée suisse n'est que de 1,6%, malgré de nombreux efforts.
Photo: Alex Kühni
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Daniel Ballmer

Jusqu'à présent, tous les efforts ont été vains. La proportion de femmes dans l'armée suisse est d'à peine 1,6%. Le chef de l'armée sortant Thomas Süssli ambitionnait pourtant atteindre environ 10% d'ici à 2030. Une affaire qui tenait également à cœur de l'ancienne ministre de la Défense Viola Amherd.

Afin de pouvoir remédier à cette situation, le conseiller national de l'Union démocratique fédérale (UDF) Erich Vontobel a fait plusieurs propositions: il veut par exemple regrouper les femmes dans certaines unités afin d'augmenter leur proportion – et dans le même temps, l'attractivité de l'armée pour les recrues féminines.

Plus il y a de femmes, moins il y a de discrimination

L'hésitation de nombreuses femmes à s'engager n'est guère surprenant. En effet, selon une étude, une femme sur deux a déjà été harcelée sexuellement dans l'armée. «Quels parents motiveraient leurs filles à faire le service militaire en sachant que celles-ci seraient très probablement discriminées et exposées à des violences sexuelles?», se demande Erich Vontobel.

Pour lui, il est clair que cela pourrait être évité si le rapport entre les genres était plus équilibré. Pour y parvenir, les femmes pourraient par exemple n'être incorporées dans les écoles de recrues qu'une fois par an ou même tous les deux ans. Et elles pourraient être concentrées dans certaines sous-unités. Ou alors, les soldates pourraient se faire incorporer dans une troupe exclusivement féminine, de leur plein gré. Car l'égalité des genres doit être garantie, souligne le politicien de l'UDF. La possibilité de servir dans toutes les armes ne doit pas être limitée.

Le Conseil fédéral contre la séparation des genres

Mais le Conseil fédéral ne veut pas entendre parler de troupes exclusivement féminines. Pour le gouvernement, tout cela va beaucoup trop loin. Les propositions d'Erich Vontobel ne sont pas compatibles avec la stratégie de l'armée en matière d'égalité de traitement des femmes, estime-t-il. Ainsi, la limitation des départs d'écoles de recrues pour les femmes serait inéquitable et limiterait la compatibilité du service militaire avec la vie civile. Et une telle mesure n'augmenterait guère la proportion de femmes, tout en leur limitant la possibilité de faire une carrière militaire, juge le Conseil fédéral. 

Aujourd'hui déjà, il est possible de tenir compte, lors de l'attribution des fonctions, du souhait de servir dans une arme où il y a en général d'autres femmes. Un rapport équilibré entre les genres n'est toutefois pas possible en raison de la faible proportion de femmes.

Le gouvernement estime en revanche que l'isolement des femmes dans leurs propres troupes n'est pas du tout approprié pour lutter contre la discrimination et la violence sexuelle dans l'armée. Il faut s'attaquer au problème à la racine. «Dans la vie sociale, nous renonçons à une séparation systématique des hommes et des femmes et aspirons à une participation égale», souligne le Conseil fédéral. Et c'est ce que l'armée essaie de faire.

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En cas de situation urgente ou dangereuse, ne jamais hésiter à contacter la police au 117 et/ou l'ambulance au 144.

Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.

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