En quête du bonheur
Martin Boujol: «Le bonheur, c’est oser vivre des choses nouvelles»

Cet été, Blick part en quête d’une chose aussi universelle qu’insaisissable: le bonheur. Chaque jour, une voix romande se confie. Pas pour donner des leçons, mais pour partager une trajectoire, des doutes, des petits riens. Place au «bookstagrameur» Martin Boujol.
Publié: 06:54 heures
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Dernière mise à jour: il y a 15 minutes
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Grâce à son compte instagram «La Nuit sera mots», Martin Boujol atteint les millions de vues.
Photo: Nicolas Righetti
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Alessia BarbezatJournaliste Blick

Le bonheur. Derrière ce mot galvaudé, chacun cache une idée, une sensation, un souvenir, parfois un rêve. A travers une série d’entretiens intimes et légers, nous avons demandé à des personnalités de tous horizons ce que signifie, pour elles, être heureux. Parce que parler du bonheur, c’est déjà en faire un peu naître.

Qu’est-ce qui les apaise, les élève ou les aide à traverser les jours gris? Le bonheur se fabrique-t-il ou se découvre-t-il? Peut-on en donner une définition? Existe-t-il des clés à transmettre?

Pour cette série d’été, nous avons posé quelques questions à Martin Boujol qui, grâce à son compte Instagram «La Nuit sera mots», cumule des millions de vues. Pour ce passionné de littérature, le bonheur se cultive évidemment à travers les livres, mais surtout en osant faire de nouvelles choses et en se bousculant.

Martin Boujol, qu’est-ce qui vous rend heureux au quotidien, de façon simple et concrète?
Pouvoir me réveiller chaque jour en faisant ce que j’aime. Lire des livres, faire des vidéos, rencontrer des auteurs, des éditeurs, aller à des événements culturels, visiter des musées… Et surtout, lire encore et toujours. C’est un vrai plaisir. J’aime aussi beaucoup manger, aller au restaurant, partager des repas avec ma famille ou mes amis. Le plat qui me rend le plus heureux, c’est celui dont j’ai envie sur le moment! Ça peut aller de bonnes pâtes à des sushis, tant que c’est bien fait. J’aime la diversité. Et boire un bon vin ou une bonne bière, ça fait aussi partie des plaisirs simples. La musique me rend heureux aussi, comme pouvoir aller au Paléo ou dans d’autres festivals en Suisse. Et puis profiter de notre pays, que ce soit en montagne, au bord d’un lac ou pouvoir en partir et voyager. Enfin, j’adore transmettre, donner des conseils, mais aussi apprendre de nouvelles choses, découvrir… Ça me nourrit énormément.

Votre définition personnelle du bonheur?
Oui, j’ai appris à distinguer le plaisir du bonheur. Le plaisir, c’est l’instant, l’ivresse, la satisfaction immédiate. Le bonheur, c’est plus profond, plus construit. C’est quand tu es bien entouré, que tu as trouvé ta voie, ton équilibre. C’est quelque chose de stable, de durable.

Cette définition a-t-elle évolué avec le temps?
Oui, clairement. Avant, je pensais que le bonheur, c’était d’avoir ce que je voulais tout de suite. Maintenant, je comprends que c’est ce qu’on construit dans le temps, avec les gens et les choix qu’on fait.

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Le bonheur passe aussi par l’adversité. Ce n’est pas juste jouir, c’est aussi surmonter des épreuves
Martin Boujol, influenceur littéraire, créateur du compte instagram «La Nuit sera mots»
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Quel est selon vous le plus grand malentendu autour du bonheur?
Beaucoup de gens pensent que le bonheur, c’est de faire toujours ce qu’on veut, ou de ne pas souffrir. Or, je pense que le bonheur passe aussi par l’adversité. Ce n’est pas juste jouir, c’est aussi surmonter des choses, se dépasser, triompher des obstacles. Résoudre des problèmes qu’on a choisis soi-même, se fixer des défis, ça fait partie du bonheur.

Y a-t-il un moment où vous avez touché du doigt le bonheur absolu?
Je ne sais pas si j’ai atteint le bonheur absolu, mais en ce moment, je suis pas mal. Je suis satisfait de mon travail, de mon entourage, de mon environnement. Je sais qu’il me reste encore plein de bonheurs à vivre, notamment un jour, peut-être, en devenant père. Mais pour l’instant, je suis bien.

Pour vous, le bonheur se cultive ou il survient par surprise?
Ça se cultive. Le bonheur, c’est une posture. Il faut avoir envie d’être heureux, faire l’effort de voir le positif. Deux personnes dans la même situation peuvent vivre les choses très différemment. Si tu veux être heureux, tu vas attirer du positif et en renvoyer aux autres aussi. C’est un cercle vertueux.

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Un jour, un ami m’a dit de manière assez frontale: «Arrête de te plaindre, c’est relou.» Ça m’a mis une claque
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Qu’avez-vous cessé de faire pour être plus heureux?
Me plaindre. J’étais un pro de la plainte, surtout plus jeune. Je râlais sur tout. Et un jour, un ami m’a dit de manière assez frontale: «Arrête de te plaindre, c’est relou.» Ça m’a mis une claque. Et il avait raison. Depuis, j’essaie de me plaindre moins, même si j'affectionne encore l'exercice!

Et la solitude, quelle place a-t-elle dans votre quête du bonheur?
Elle est essentielle. Le bonheur, c’est être bien entouré, mais aussi être bien avec soi-même. La solitude permet de faire le point, de comprendre ce qui te plaît ou non, ce que tu veux faire. J’aime avoir ces moments-là, pour lire, écrire, penser, faire du sport à mon rythme. Je déteste faire un jogging à plusieurs. La solitude me recentre.

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Une étude que j’avais lue disait que le facteur n°1 du bonheur à long terme, ce sont les connexions sociales
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Vous avez une pratique ou un rituel qui vous aide à vous rapprocher du bonheur?
Parler à de nouvelles personnes. Lorsque j'étais étudiant, je m’étais fixé un défi: parler chaque jour à quelqu’un que je ne connaissais pas. Un petit compliment, une question. Pas grand-chose, mais un échange. Une étude que j’avais lue disait que le facteur n°1 du bonheur à long terme, ce sont les connexions sociales. Ce n’est ni l’argent, ni la santé, ni les voyages, mais vraiment la qualité de nos relations humaines. Et je suis complètement d'accord.

Y a-t-il un livre qui a changé votre manière de penser le bonheur?
Pas un livre, mais l’œuvre de l'écrivain Romain Gary, clairement. Il m’a appris le courage d’être soi, à se battre pour ses rêves. Et Hermann Hesse aussi, avec le roman «Siddhartha» notamment. Il montre qu’il n’y a pas un seul chemin dans la vie. Il faut trouver le sien, celui qui nous rend réellement heureux, même s’il ne ressemble à aucun autre. Ce sont des auteurs qui m’ont beaucoup inspiré.

Et si vous ne deviez donner qu’une seule clé du bonheur?
Faire des choses nouvelles. Se secouer, oser, sortir des cases. Ne pas rester dans la routine. Si tu fais un truc nouveau chaque jour, ta vie est plus riche, le temps passe plus lentement, tu te sens plus vivant. C’est un excellent antidote à la monotonie.

Et pour finir: le truc le plus fou qui vous soit arrivé en vacances d’été?
Un AirBnB sur des bidons flottants dans la baie de Ha Long, au Vietnam. Le gars est venu nous chercher en bateau et on a dormi sur des planches posées sur des bidons. On pêchait notre repas. C’était improbable, mais incroyable. Je me suis senti hyper vivant.

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