Les touristes en visite à Fribourg risquent d’être frustrés ces prochains mois. La terrasse du Belvédère, qui offre l’un des plus beaux panoramas sur la ville, est fermée jusqu’à nouvel avis, de même que le café attenant, a appris Blick. D'abord en raison travaux d’entretien par le propriétaire, puis pour des travaux de sécurisation dès mars 2022 pour une durée estimée à environ 1 année et demi.
Comme de nombreuses habitations du Bourg, quartier historique de la ville, l’établissement trône sur un promontoire rocheux en molasse. Un écueil de prestige, mais fragile: voilà plusieurs années qu’il menace de s’effondrer. «Le mur de soutènement a subi des dégradations à cause de l’érosion et des infiltrations d’eau», explique Raja Benzaitar, adjointe à l’ingénieur de ville.
Des mesures provisoires en 2016
Déjà en 2016, une partie du mur s’était effondrée, obligeant la ville de Fribourg à parer au plus pressé. «Nous avions alors mis des ancrages pour stabiliser le mur dans l’attente d’une remise en état globale, ce qui va désormais pouvoir être réalisé», poursuit la responsable.
Voilà qui paraît simple sur le papier, mais se révèle bien plus compliqué dans les faits. D’abord parce qu’il faut établir les responsabilités. Qui doit payer pour les travaux, dont la facture promet d’être onéreuse? La Ville a demandé un avis de droit qui a pris beaucoup de temps, la faute à une zone aussi grise que la molasse fribourgeoise.
La roche relève de la responsabilité de la ville, tandis que les murs sont du ressort des propriétaires (patrimoine bâti), même pour les zones en dessous du bâtiment. Encore faut-il distinguer ce qui relève du défaut d’entretien ou à des facteurs externes.
Ne pas créer un précédent
Ajoutez à cela la révision récente de la loi cantonale sur les forêts et les dangers naturel et le fait que le mur du Belvédère soit de «qualité patrimoniale de valeur nationale», obligeant à tout reconstruire comme à l’époque, et vous obtenez une situation à perdre même le meilleur des juristes.
«Les négociations avec les différents propriétaires de la zone ont été compliquées car la Ville ne voulait pas créer un précédent avec le Belvédère vis-à-vis des autres habitations de la zone», détaille Raja Benzaitar.
Après plusieurs années de casse-tête, les travaux devraient pouvoir commencer. Concrètement, cette première facture s'élève à un peu plus d'un million de francs. Confédération et canton de Fribourg en assumeront 80% (via les biens culturels et la protection contre les dangers naturels), 13% par le propriétaire privé et 7% par la Ville de Fribourg au titre de la protection contre les dangers naturels. Par «souci de simplicité pour les procédures», la Ville sera maître d’ouvrage.
De 50 à 100 millions de francs
Étendue à tout le quartier, la douloureuse risque d'être bien plus lourde. L'an dernier, la RTS évoquait un coût total entre 50 et 100 millions de francs. Les propriétaires de biens dans la zone risquent bien d'être «forcés» à participer à l'effort global: «Ils ont l'obligation d’entretien de leur construction au sens de la Loi sur l'aménagement du territoire et les constructions (LaTec). Le conseil communal peut ordonner cet entretien ou le réaliser par substitution en cas de non-exécution du propriétaire», résume Raja Benzaitar.
La problématique est telle que Fribourg a engagé une personne à plein temps pour régler les questions relatives aux dangers naturels. La Ville a provisionné 3,3 millions de francs dans son budget pour ce ravalement de falaises. Le prix du coup d’oeil pittoresque sur l’un des plus beaux ensembles médiévaux d’Europe.