C’est peut-être le signe l'élément le plus marquant de la fin de la crise: la Task force Covid de la Confédération sera dissoute fin mars.
«La Task force a toujours dit que sa raison d'être était que l’on n'ait plus besoin d’elle à un moment donné. Celui-ci est arrivé», a déclaré sa présidente, Tanja Stadler.
Situation surestimée avec Omicron
Le bilan de la Task force semble toutefois mitigé. Surtout dans la phase la plus récente, liée à Omicron. Si elle a vu juste dans l’estimation du nombre de cas, elle a surestimé la dangerosité du virus.
Le 11 janvier encore, elle mettait en garde contre une catastrophe: pour la fin du mois, elle estimait que la vague d’Omicron provoquerait jusqu’à 10’000 hospitalisations et que 300 patients supplémentaires devraient être pris en charge aux soins intensifs sur une semaine.
La vague terrifiante qu’avait laissée préfigurer la Task force n’est jamais arrivée. Si une vague a bien eu lieu, les hôpitaux l’ont absorbée sans trop de problèmes.
La détente se dessinait dans les hôpitaux
Il est d'autant plus irritant de constater qu’à la même époque, une détente dans le secteur de la santé se dessinait déjà depuis longtemps. Selon les chiffres de l’OFSP, la courbe des admissions hospitalières était déjà plate depuis début décembre, les décès diminuaient depuis la mi-décembre et la charge des unités de soins intensifs depuis début janvier 2022.
La raison pour laquelle la Task force a tout de même tiré la sonnette d’alarme reste un mystère. Ses positions sont restées floues. Il a fallu faire appel au Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) pour prouver scientifiquement que l’effondrement du système hospitalier était exclu, même dans le pire des cas.
Une vision équilibrée
Les erreurs de pronostic des experts de la Task force restent gravées dans les mémoires, d’autant plus qu’ils s’étaient déjà trompés lors de la troisième vague, au printemps 2021.
Néanmoins, l’organisme a rendu à la Suisse des services inestimables. Outre des virologues, elle comprenait des experts en économie, en éthique et en psychologie. Les experts en épidémiologie n’ont ainsi pas donné le ton de manière isolée, comme dans d’autres pays.
La stratégie «zéro Covid» par exemple, qui est devenue très en vogue en Allemagne, n’avait aucune chance au sein de la Task force, qui s’est toujours efforcée d’adopter une vision équilibrée. En outre, les experts ne se sont jamais permis de faire pression sur les décisions politiques.
Vrai bilan à l’automne prochain
Avec sa dernière évaluation de situation de mardi, la Task force se crée un héritage. Sur 30 pages, elle écrit comment la Suisse devrait se préparer à de nouvelles vagues et mutations au cours des douze prochains mois, par exemple en mettant en place des programmes de surveillance génomique et immunologique.
Un discours encore difficile à entendre à travers le fracas de l’euphorie actuelle. Mais les autorités seraient bien avisées de suivre leurs conseils en espérant qu’à l’automne, nous n’ayons pas à nouveau besoin des services de la Task force.
(Adaptation par Alexandre Cudré)