Les milieux économiques montent au créneau
La bureaucratie nous coûterait 30 milliards de francs par année

Une nouvelle étude montre qu'une réforme bureaucratique globale allégerait considérablement le fardeau qui pèse sur l'économie suisse. Les quatre grandes associations économiques réclament un pas dans ce sens.
Publié: 18:09 heures
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Dernière mise à jour: 18:28 heures
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En Suisse, une grande partie de la bureaucratie pourrait être évitée.
Photo: Keystone
Ruedi Studer

Le montant est colossal: 30'000'000'000 francs, soit 30 milliards! C'est la somme que l'économie suisse perdrait chaque année à cause du dédale bureaucratique. C'est du moins ce que révèle une étude réalisée par le bureau de conseil BSS et l'institut IFO pour le compte de l'association économique Economiesuisse. «Les exigences réglementaires et la bureaucratie constituent le principal obstacle à la croissance des entreprises suisses», constatent les auteurs de l'étude.

L'étude se concentre sur la question suivante: comment la performance économique du pays aurait-elle évolué si la bureaucratie avait été considérablement allégée il y a dix ans? Avec, par exemple, moins de réglementations et plus de numérisation. Dans ses calculs, l'étude prend en compte non seulement les coûts directs, mais aussi les effets indirects tels que l'absence de création d'entreprises ou le transfert d'investissements.

5% de PIB supplémentaire par habitant

«En moyenne, le PIB par habitant serait supérieur d'environ 5% au niveau actuel», concluent les économistes. Si la Suisse avait mis en œuvre une réduction de la bureaucratie en 2015, le PIB réel par habitant aurait augmenté en moyenne de 3459 francs par an jusqu'en 2022. «Les coûts bureaucratiques pour la Suisse s'élèvent donc à environ 30,4 milliards de francs de perte de performance économique par an.»

La réduction de la bureaucratie se traduirait également par une diminution du nombre d'emplois, car moins de personnes auraient à s'occuper de questions administratives. Selon l'étude, environ 55'900 emplois à temps plein seraient supprimés. Ce personnel pourrait être affecté à des tâches plus productives en raison de la pénurie de main-d'œuvre qualifiée.

Les associations économiques réclament une réduction de la bureaucratie

Ce résultat fait monter au créneau les grandes associations économiques. Economiesuisse, l'Union patronale suisse, l'Union suisse des arts et métiers et l'Union suisse des paysans exigent de la Confédération qu'elle lance une offensive de débureaucratisation. D'ici fin 2027, elle devra faire avancer la réduction de la bureaucratie sur tous les fronts.

Les associations réclament notamment la numérisation de toutes les interfaces entre l'économie et l'administration, un moratoire sur les nouvelles réglementations en matière de durabilité ou une refonte des règles environnementales et énergétiques. Elles demandent par exemple la suppression immédiate de la taxe d'incitation sur les COV – les composés organiques volatils – ou une correction de l'ordonnance sur le CO2.

Ils insistent également sur la nécessité de freiner les coûts réglementaires pour les PME ou de mener une réforme structurelle de l'AVS, c'est-à-dire de relever l'âge de la retraite. «L'économie a besoin dès maintenant d'un allègement sensible», a souligné Christoph Mäder, président d'Economiesuisse, lors d'une conférence de presse à Berne. «C'est la seule façon pour la Suisse de rester compétitive et innovante.»

La Suisse doit se recentrer sur ses atouts, a déclaré Fabio Regazzi, président de l'Union suisse des arts et métiers. «Les facteurs de réussite sont des dépenses publiques faibles, des impôts et des taxes bas, un Etat allégé avec un marché du travail flexible, une bonne formation professionnelle et une densité réglementaire relativement faible.»

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