Le patron de Swatch, Nick Hayek, est très inquiet ces jours-ci. Il voit notre économie mordre la poussière à cause du marteau douanier de Donald Trump contre la Suisse. Il demande maintenant au Conseil fédéral de passer à l'offensive. «La Suisse doit promulguer une taxe à l'exportation sur les lingots d'or de 39% vers les Etats-Unis!» Selon lui, cela ferait très mal au président américain, car il est tributaire des livraisons d'or en provenance de Suisse.
Nick Hayek n'est pas le seul à voir rouge. Même les Britanniques voient notre prospérité en danger. Le prestigieux journal «The Guardian» a publié un article intitulé: «Les Suisses ont vécu pendant des années dans un isolement distingué. Les droits de douane de Trump ont brutalement détruit cette autosatisfaction.» Le ton est donné.
Une relation plus étroite avec l’UE?
Le journal britannique dépeint la Suisse comme un pays prospère mais isolé qui, pendant des décennies, s'est cru à l'abri des crises mondiales – protégé par sa neutralité, sa force économique et sa stabilité politique. Cet «isolement distingué» aurait permis à la Suisse de profiter du libre-échange mondial sans en supporter les charges géopolitiques.
Mais le puissant marteau douanier de Trump vient redistribuer les cartes et plonge dans une «crise d'identité» un pays qui avait l'habitude de toujours obtenir ce qu'il voulait. La menace économique est réelle, poursuit «The Guardian», car les Etats-Unis sont la principale nation exportatrice de la Suisse. Mais selon le journal britannique, le choc psychologique est encore plus grand: Berne n'a pas de moyens de faire pression pour s'opposer à Washington.
Aujourd'hui, sa situation est même pire que celle de l'Union européenne (UE). A cet égard, «The Guardian» conclut: «Les ondes de choc provoquées par le président américain pourraient davantage rapprocher la Suisse de l'UE». Le «mythe de la souveraineté de la Suisse» est remis en question.
Les lecteurs du «Guardian» règlent leurs comptes
L'auteur de cet article, Joseph de Weck, est également citoyen suisse et travaille comme politologue à Paris. Il a déjà écrit à plusieurs reprises sur la Suisse dans différents médias internationaux. L'article paru dans le quotidien britannique a suscité de nombreuses réactions. Jeudi après-midi, il y avait plus de 750 commentaires sous la publication en ligne de l'article.
La plupart d'entre eux ne sont pas particulièrement tendres avec notre pays: «Je pense que toute l'Europe commence à comprendre qu'on ne peut plus tout avoir. Les Suisses sont malheureusement victimes de leur propre succès», «Qui l'aurait cru? Apparemment, tout le monde sauf les Suisses!» Ou encore: «Les Suisses font beaucoup de bruit autour de leur neutralité. Mais pour y être allé plusieurs fois, je vous affirme qu'ils ne sont pas du tout neutres. Ce sont des alliés inconditionnels de l'argent!»