Débordements explosifs
Yverdon-les-Bains a-t-elle enfin réussi à chasser ses vieux démons du 1er août?

Depuis 20 ans, la Fête nationale sert de prétexte à des jeunes pour affronter la police à Yverdon. Cette année, le week-end a été extraordinairement calme, grâce notamment à l'action des autorités. Le bout du tunnel pour la cité vaudoise?
Publié: 02.08.2021 à 12:46 heures
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Dernière mise à jour: 03.08.2021 à 07:03 heures
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Depuis près de 20 ans, des scènes de «guérilla urbaine» émaillent les célébrations du 1er août dans la capitale du Nord vaudois. Cette année, la situation a été bien plus calme même si plusieurs interventions de police ont été nécessaires.
Photo: Keystone
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Antoine HürlimannResponsable de l'actualité de L'illustré

Malgré quelques interventions, le bilan policier des festivités du 1er août à Yverdon-les-Bains est positif comme il ne l’avait plus été depuis de trop nombreuses années, se réjouissent ce lundi matin les autorités locales auprès de Blick. La Cité thermale a-t-elle enfin trouvé les solutions qu’elle recherche depuis près de 20 ans?

Les scènes de «guérilla urbaine» étaient devenues une regrettable tradition dans la deuxième ville du canton de Vaud. Chaque année, depuis Expo.02, plusieurs dizaines de jeunes affrontaient la police dans certains quartiers, dont celui de la Villette, à coups d’engin pyrotechniques.

Des habitants — parfois pris pour cible — ont régulièrement manifesté leur désarroi, faisant de ces débordements annuels un thème politique incontournable de la cité thermale. Le constat était inquiétant: des individus de toute la Suisse romande se réunissaient dans la capitale du Nord vaudois pour s’en prendre à la police.

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Une forte action des autorités

Lundi matin, au téléphone, Christian Weiler, est guilleret. «Même s’il a fallu intervenir quelques fois, le bilan du week-end est sans commune mesure avec certains événements que nous avons vécu ces dernières années», annonce le municipal PLR de la Sécurité publique à Blick (lire encadré ci-dessous).

Comment l’expliquer? Cette année, les autorités avaient mis le paquet pour éviter que la situation ne dégénère. Les forces de l’ordre étaient nombreuses et visibles sur le terrain et la Ville avait adressé un courrier à environ 2000 familles pour leur rappeler les risques sécuritaires que représentent les engins pyrotechniques, que ce soit pour les enfants eux-mêmes, pour les voisins ou pour les pompiers et policiers, rapportait «24 heures».

Christian Weiler, municipal de la Sécurité publique à Yverdon-les-Bains
Photo: D.R.

«C’est l’un des éléments qui expliquent sans doute pourquoi les nuits de ce week-end ont été relativement calmes, analyse Christian Weiler. Mais il y a de multiples raisons. Il ne faut pas crier victoire mais considérer qu’il s’agit d’un événement ponctuel qui a été bien géré. Il faut avoir beaucoup d’humilité et je n’exclus pas que nous revivions à l’avenir des situations qui dégénèrent.»

Le municipal reste prudent. Car, en plus de l’action des autorités, la Ville a bénéficié d’une météo maussade qui en aura probablement découragé certains. «Il faut aussi noter que près de 60% des gens interpellés l’année dernière ne venaient pas d’Yverdon, appuie l’édile. À cause du Covid, les déplacements ont beaucoup diminué. C’est peut-être aussi un élément de réponse.»

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Des saisies… explosives

En amont des soirées où l’alerte était maximale, la police locale a largement été déployée. «Je tiens à saluer le très gros travail de Police Nord vaudois, insiste le municipal de la Sécurité publique. Son dispositif était bien pensé et bien mis en place.» Christian Weiler souligne par ailleurs «la très bonne collaboration avec le Canton, qui était là en réserve.»

Fait tout de même remarquable, les autorités ont saisi quantité d’objets pyrotechniques en tout genre ces derniers jours, relève le Municipal: «Il y a de quoi faire une très belle fête», commente-t-il, sans rentrer dans les détails. «Nous devons maintenant continuer d’essayer d’anticiper les situations potentiellement problématiques, rebondit l’élu PLR. Un travail de fond doit être fait avec ces jeunes en rupture avec la société mais des outils répressifs doivent aussi être utilisés si nécessaire.»

Rendez-vous l’année prochaine pour savoir si Yverdon a traversé un heureux épiphénomène ou si les habitants des quartiers d’habitude pris d’assaut par des jeunes venus en découdre ont enfin retrouvé la quiétude à laquelle ils ont droit.

Des débordements dans tout le canton

Si Yverdon-les-Bains se félicite du bilan policier global du 1er août, des faits regrettables se sont tout de même produits dans le quartier de la Villette, comme le reconnaît Christian Weiler, municipal de la Sécurité publique. Ceux-ci sont toutefois incomparables avec les événements qui ont émaillé la Fête nationale de la cité thermale ces dernières années (lire ci-dessus).

Dans un communiqué, la police cantonale vaudoise annonce que «divers troubles de l’ordre public se sont produits au cours de la soirée», et plus particulièrement vers 23h30. «Des jets de cailloux et des tirs de fusées ont été lancés contre les forces de l’ordre, sans les atteindre, détaillent les forces de l’ordre. Aucun blessé n’est à déplorer. La situation est revenue à la normale vers 02h15.» Un individu, soupçonné d’être l’instigateur de ces actes de violence, a été identifié et sera dénoncé auprès de l’autorité compétente. À titre de comparaison, une vingtaine de personnes était interpellée en 2020.

Des doigts arrachés à Puidoux

Ailleurs dans le canton, la situation a parfois été explosive. Ainsi, dans la nuit du 31 juillet, une cinquantaine de jeunes étaient présents dans le secteur de la gare du LEB, à Echallens. Dès 20h15, plusieurs tirs de pétard et fusées ont été lancés, relate la police cantonale. À 23h, la circulation du LEB a été interrompue pour des raisons de sécurité «au vu de la dangerosité de certains tirs». Après de vaines tentatives d’apaisement et de dispersion des protagonistes, la police a finalement dû engager un groupe de maintien de l’ordre. Trente personnes ont été interpellées et formellement identifiées. Des engins pyrotechniques ont été saisis par la police.

Toujours le même soir, un événement dramatique s’est produit à Puidoux, où un jeune homme âgé de 18 ans a allumé ce qu’il pensait être un fumigène. Il s’agissait en réalité d’un pétard, qui a explosé dans sa main et lui a arraché plusieurs doigts. Il a été emmené à l’hôpital en ambulance pour y recevoir les soins nécessaires.

Dans le même temps, À Prilly, la police et les pompiers sont intervenus pour trois feux de poubelles. À leur arrivée sur les lieux, les intervenants ont fait l’objet de tirs de fusées. Aucune interpellation n’a été possible, mais certains auteurs, connus de la Police de l’Ouest lausannois ont été identifiés.

Des gendarmes blessés

Le lendemain, rebelote. Toujours à Prilly, les pompiers et la police ont dû intervenir pour dix nouveaux feux (poubelles, affiches, parasols). Les agents ont à nouveau été visés par des tirs de pétards et de fusées. «Deux gendarmes ont été légèrement blessés à la jambe et à l’épaule par ces engins», annonce les forces de l’ordre. Des plaintes pour violences contre les fonctionnaires ont été déposées. Un scootériste, qui circulait normalement à proximité, a également été la cible de tirs de pétards. Il a failli perdre le contrôle de l’engin et souffre d’acouphène.

La police cantonale a interpellé trois individus, dont deux mineurs et un majeur, fortement soupçonnés d’être impliqués dans ces faits. Ces événements ont nécessité l’intervention de huit patrouilles de la gendarmerie, y compris la brigade canine, de la Police de l’Ouest lausannois et de patrouilles mixtes. Un groupe de maintien de l’ordre a également dû intervenir.

À Lausanne, la situation a été plus calme. Même si une quinzaine d’incendies intentionnels de containers, ainsi que de deux scooters, ont été commis dans plusieurs quartiers de la ville (Praz-Séchaud, Boveresses, Devin, Chailly), occasionnant des dégâts matériels. Ces sinistres ont été rapidement maîtrisés par les sapeurs-pompiers du Service de protection et sauvetage et n’ont fait aucun blessé. Aucune personne n’a été interpellée. «Il n’y a eu aucune agressivité à l’endroit des agents de la Police municipale de Lausanne», assurent les forces de l’ordre.

Si Yverdon-les-Bains se félicite du bilan policier global du 1er août, des faits regrettables se sont tout de même produits dans le quartier de la Villette, comme le reconnaît Christian Weiler, municipal de la Sécurité publique. Ceux-ci sont toutefois incomparables avec les événements qui ont émaillé la Fête nationale de la cité thermale ces dernières années (lire ci-dessus).

Dans un communiqué, la police cantonale vaudoise annonce que «divers troubles de l’ordre public se sont produits au cours de la soirée», et plus particulièrement vers 23h30. «Des jets de cailloux et des tirs de fusées ont été lancés contre les forces de l’ordre, sans les atteindre, détaillent les forces de l’ordre. Aucun blessé n’est à déplorer. La situation est revenue à la normale vers 02h15.» Un individu, soupçonné d’être l’instigateur de ces actes de violence, a été identifié et sera dénoncé auprès de l’autorité compétente. À titre de comparaison, une vingtaine de personnes était interpellée en 2020.

Des doigts arrachés à Puidoux

Ailleurs dans le canton, la situation a parfois été explosive. Ainsi, dans la nuit du 31 juillet, une cinquantaine de jeunes étaient présents dans le secteur de la gare du LEB, à Echallens. Dès 20h15, plusieurs tirs de pétard et fusées ont été lancés, relate la police cantonale. À 23h, la circulation du LEB a été interrompue pour des raisons de sécurité «au vu de la dangerosité de certains tirs». Après de vaines tentatives d’apaisement et de dispersion des protagonistes, la police a finalement dû engager un groupe de maintien de l’ordre. Trente personnes ont été interpellées et formellement identifiées. Des engins pyrotechniques ont été saisis par la police.

Toujours le même soir, un événement dramatique s’est produit à Puidoux, où un jeune homme âgé de 18 ans a allumé ce qu’il pensait être un fumigène. Il s’agissait en réalité d’un pétard, qui a explosé dans sa main et lui a arraché plusieurs doigts. Il a été emmené à l’hôpital en ambulance pour y recevoir les soins nécessaires.

Dans le même temps, À Prilly, la police et les pompiers sont intervenus pour trois feux de poubelles. À leur arrivée sur les lieux, les intervenants ont fait l’objet de tirs de fusées. Aucune interpellation n’a été possible, mais certains auteurs, connus de la Police de l’Ouest lausannois ont été identifiés.

Des gendarmes blessés

Le lendemain, rebelote. Toujours à Prilly, les pompiers et la police ont dû intervenir pour dix nouveaux feux (poubelles, affiches, parasols). Les agents ont à nouveau été visés par des tirs de pétards et de fusées. «Deux gendarmes ont été légèrement blessés à la jambe et à l’épaule par ces engins», annonce les forces de l’ordre. Des plaintes pour violences contre les fonctionnaires ont été déposées. Un scootériste, qui circulait normalement à proximité, a également été la cible de tirs de pétards. Il a failli perdre le contrôle de l’engin et souffre d’acouphène.

La police cantonale a interpellé trois individus, dont deux mineurs et un majeur, fortement soupçonnés d’être impliqués dans ces faits. Ces événements ont nécessité l’intervention de huit patrouilles de la gendarmerie, y compris la brigade canine, de la Police de l’Ouest lausannois et de patrouilles mixtes. Un groupe de maintien de l’ordre a également dû intervenir.

À Lausanne, la situation a été plus calme. Même si une quinzaine d’incendies intentionnels de containers, ainsi que de deux scooters, ont été commis dans plusieurs quartiers de la ville (Praz-Séchaud, Boveresses, Devin, Chailly), occasionnant des dégâts matériels. Ces sinistres ont été rapidement maîtrisés par les sapeurs-pompiers du Service de protection et sauvetage et n’ont fait aucun blessé. Aucune personne n’a été interpellée. «Il n’y a eu aucune agressivité à l’endroit des agents de la Police municipale de Lausanne», assurent les forces de l’ordre.

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