En se référant à la faible incidence du Covid-19 dans les écoles, le directeur de la santé bernois Pierre Alain Schnegg avait mis un terme aux tests de masse début septembre. Seulement voilà: le conseiller d’Etat avait dissimulé que les chiffres étaient en fait faux. Lorsque le scandale a éclaté, il n’est pas revenu sur sa décision.
À présent, les écoles bernoises subissent la nouvelle vague de plein fouet. Chaque jour, de nouveaux foyers sont annoncés. «C’est effroyable, s’exclame Alexandra Winkler, mère de trois enfants qui habite à Berne, le conseiller d’État Pierre Alain Schnegg a permis que la situation dégénère.» Il y a deux semaines, la quadragénaire a été infectée par une camarade de classe de sa fille Laura (7 ans).
Peu après, elle a contaminé son fils Ilay, âgé de deux ans. La mère, doublement vaccinée, et son bambin sont tombés gravement malades, luttant contre une forte fièvre et des crises d’étouffement. Alexandra Winkler assure: «Si je n’avais pas été vaccinée, je serais actuellement aux soins intensifs».
Des mesures qui ont tardé
La mère de famille a immédiatement contacté l’école. Mais celle-ci lui a répondu qu’il n’était nécessaire d’agir qu’à partir de trois cas positifs au sein d’une classe. Il s’agit en effet de la consigne dans le canton. Un laps de temps important peut donc se dérouler avant qu’un foyer d’infection soit identifié.
Dans l’école bernoise que fréquentent les enfants d’Alexandra Winkler, 17 classes sur 24 sont désormais touchées et 71 élèves infectés. Pourtant les cours ont lieu comme si de rien n’était. Le port du masque n’est obligatoire que depuis lundi dernier – à partir de la cinquième classe infectée. La première série de tests de dépistage a eu lieu jeudi.
«Le dépistage des foyers n’est ni rapide ni efficace», confirme la députée bernoise Sarah Gabi Schönenberger. Début septembre, elle avait demandé dans une motion urgente la poursuite des tests de masse, l’obligation de porter un masque et l’installation d’appareils de mesure du CO2 dans les salles de classe. Seul problème: son intervention ne sera traitée qu’en décembre. «Nous, les parlementaires, n’avons pas les moyens de réagir à temps, déplore l’élue PS. C’est frustrant».
Des parents à bout
A l’avenir, les tests seront effectués après deux cas par classe dans le canton de Berne. Les parents ne sont pas rassurés. De plus en plus d’entre eux ne veulent plus envoyer leurs enfants à l’école, alors que le virus y fait des ravages.
Ce n’est pas si simple. Alexandra Winkler en a fait l’amère expérience. Fin 2020, elle souhaite garder ses enfants à la maison après une flambée des cas dans leur établissement. «L’école a menacé de me dénoncer à l’assistance sociale», accuse-t-elle.
Que déciderait un tribunal dans une telle situation? «Plusieurs aspects seraient alors analysés, explique Felix Uhlmann, professeur de droit public à l’université de Zurich. Par exemple, combien d’élèves sont malades, quelles mesures sanitaires sont mises en œuvre ou combien de temps les parents n’ont pas envoyé leur enfant à l’école. S’il ne s’agit que d’un ou deux jours, la situation est différente que si l’enfant est absent de la salle de classe pendant une semaine».
Dans la classe de la fille d’Alexandra Winkler, plusieurs élèves ont déjà été testés positifs. Les cours se poursuivent pourtant. La mère de famille se sent impuissante: «Le canton joue à la roulette russe avec nos enfants. Et nous ne pouvons rien y faire».
(Adaptation par Jessica Chautems)