En colère contre la Suisse
UBS discuterait en secret avec des responsables américains pour délocaliser

UBS envisagerait des mesures drastiques pour contourner les exigences de la Suisse en matière de capital. Des cadres du géant bancaire helvétique auraient secrètement rencontré des membres de l'administration américaine.
Publié: 06:06 heures
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Dernière mise à jour: il y a 46 minutes
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Colm Kelleher et Sergio Ermotti (à gauche) auraient secrètement rencontré des membres de l'administration américaine.
Photo: keystone-sda.ch
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Martin Schmidt

UBS déploie tous les moyens pour tenter de repousser le durcissement des exigences des autorités suisses en matière de capital. La grande banque explorerait déjà plusieurs pistes dans le cas où ses efforts de lobbying à Berne viendraient à échouer. Selon le «New York Post», la banque se démène pour trouver un moyen stratégique de contourner les surcoûts qu'engendreraient des capitaux plus élevés.

A ce titre, des cadres dirigeants d’UBS auraient récemment rencontré des représentants de l'administration Trump, rapporte le journal américain, citant des sources proches du dossier. Contactée par le «New York Post», la banque n’a pas démenti l'existence de cette rencontre.

Berne souhaite mettre en place de nouvelles règles qui obligeraient UBS à renforcer ses fonds propres de quelque 26 milliards de dollars. Une charge qui, selon la banque, réduirait considérablement sa compétitivité internationale. Son directeur général, Sergio Ermotti, a déjà critiqué à plusieurs reprises les projets des autorités fédérales.

Un profond changement de stratégie discuté

Selon le média américain, le géant bancaire suisse aurait mis sur la table un changement stratégique majeur au cours de cette rencontre. Parmi les scénarios évoqués: le rachat d'UBS par une banque américaine, une fusion, et même un transfert du siège d’UBS de Zurich vers les Etats-Unis.

Pour Washington, l’arrivée d’un acteur suisse de cette envergure serait un coup de maître à mettre en avant publiquement. En Suisse, le scénario séduit beaucoup moins. Interpellée en juin lors d'une conférence de presse sur une éventuelle délocalisation de la banque, la ministre des Finances Karin Keller-Sutter était restée de marbre: «La décision d’un départ appartient à UBS», avait-elle répondu.

Les bruits de sabre continuent

Interrogé par le «New York Post», le service de presse UBS n’a pas commenté l’éventualité d’un tel virage stratégique. Auprès de l’agence Bloomberg, la banque s’est contentée de rappeler les récentes déclarations de Sergio Ermotti, selon lesquelles il est encore «trop tôt» pour spéculer sur les scénarios de réponse à un relèvement des exigences en capital.

Dans un entretien accordé à Bloomberg Television jeudi 11 septembre, l'homme fort d'UBS avait réaffirmé la volonté de la banque de maintenir son siège en Suisse. Il avait toutefois prévenu qu’en cas de durcissement réglementaire, UBS devrait envisager d'autre mesures pour protéger au mieux les intérêts de ses actionnaires et partenaires.

Le bras de fer promet donc de durer encore quelque temps. Tout cela sous l’œil attentif des autorités américaines, qui pourraient bien tirer profit d’une confrontation majeure entre la Suisse et sa plus grande banque.

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