«Ce pays n'existe pas!»
Ce deepfake sur Trump et la Suisse généré par IA est devenu viral

Des fake news, des théories du complot et les images comme pouvoir de séduction: l'auteur Patrick Karpiczenko a fait mouche avec sa vidéo en réaction à un deepfake viral. La vidéo générée par IA représente Donald Trump qui nie l'existence de la Suisse.
Publié: 14:51 heures
La vidéo générée par IA représente Donald Trump qui nie l'existence de la Suisse. (Capture d'écran)
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Tobias Bolzern

«Nous voulions acheter la Suisse, mais avons réalisé qu'elle n'existait pas», a déclaré Donald Trump dans une vidéo actuellement virale. Le président américain est-il sérieux ou s'agit-il d'un nouveau coup de communication choc de son gouvernement? Ni l'un ni l'autre car la vidéo a été créée par intelligence artificielle (IA).

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Cette vidéo de l'auteur zurichois et artiste Patrick Karpiczenko, alias Karpi, compte 5,9 millions de vues. Dans l'extrait, Trump explique que la Suisse est trop belle pour être vraie et Karpi utilise des théories conspirationnistes sur des marmottes intelligentes, une pyramide sous le Cervin et la manipulation mentale grâce au yodel. L'artiste aurait trouvé l'idée dans les communautés satiriques «Switzerland is fake» et «Birds aren't real» sur reddit.com.

N'importe qui peut manipuler des images

Derrière ce deepfake se cache un processus de production bien rôdé. Karpi écrit d'abord le script, puis crée la couche sonore et enfin génère la vidéo grâce à l'IA. Cette approche méthodique est très différente de la simplicité de création des contrefaçons d'IA. Avec sa vidéo, l'objectif de Karpi était de traiter les dangers de la désinformation et des fake news sur un ton divertissant et satirique.

En effet, les possibilités se sont développées de manière fulgurante ces dernières années. «Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, n'importe qui peut manipuler des images. Sans argent, sans temps, sans savoir-faire», nous explique Karpi. «C'est un changement fondamental et les gens ne s'en rendent pas encore compte.»

Patrick Karpiczenko, alias Karpi.
Photo: zVg/ Maurice Haas

De l'art au danger?

Cette évolution technologique modifie notre perception de la réalité. «Il y a encore beaucoup de gens qui disent reconnaitre les images générées par IA. C'est une connerie complète», affirme Karpi. Selon lui, il existe néanmoins des indices permettant de les reconnaître, notamment le contexte autour de la vidéo. «Qui diffuse l'extrait? Qu'est-ce qui est vendu? Dans quel intérêt?», poursuit-il.

Ce regard critique sur l'image est justement au cœur de l'exposition «The Lure of the Image» au Fotomuseum Winterthour, qui rouvre ses portes le 17 mai après deux ans de travaux de rénovation. La vidéo de Karpi a servi de bande-annonce pour l'exposition, qui a pour thème le pouvoir d'attraction et de séduction des images à l'ère numérique.

Au musée, Karpi animera aussi un atelier où les jeunes apprendront à falsifier des images: «Je les transforme en fabricants de fake news». Risqué mais judicieux, car seuls ceux qui connaissent les mécanismes des deepfakes peuvent les percer à jour.

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