L'histoire est tragique, mais l'imbroglio administratif qui en découle est particulièrement frustrant. Le 10 juillet dernier, un jeune homme va faire réparer sa moto chez un garagiste du quartier genevois de Plainpalais. Le service est rapide, il pourra la récupérer le week-end suivant. Mais les jours passent, et pas de nouvelles. Pas étonnant... le mécano est décédé.
Ce qui pourrait être un coup de malchance est entre-temps devenu un casse-tête judiciaire, puisque le jeune homme, et dix autres, n'ont toujours pas récupéré leurs bécanes. La «Tribune de Genève», qui révèle cette affaire, a rencontré l'avocat qui défend plusieurs propriétaires de ces deux-roues bloqués depuis six mois.
Pourquoi faire simple?
L'un d'eux en a marre de payer l'assurance de sa moto pour rien. Un autre pratique le motocross de compétition et a besoin de son outil de travail.
Me van Gessel propose une solution simple: que les motards se présentent au garage, munis de leurs cartes grises, et repartent avec leurs biens. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?
À la recherche d'un héritier
Le seul héritier du réparateur a d'abord répudié la succession de son proche, fortement endetté, explique l'homme de loi à la «Tribune». Au lieu de transmettre le dossier à l'Office des faillites pour faire l'inventaire du garage — et permettre aux clients de récupérer leurs biens —, une voie plus sinueuse a été choisie par le Tribunal de première instance. Il cherche encore des héritiers potentiels.
Impossible pour la Justice de paix de s'opposer aux jugements du Tribunal. Me van Gessel pourrait saisir l'autorité d'appel pour dénoncer un déni de justice, indique le quotidien, mais cette démarche pourrait encore prolonger le blocage des motos.