Un questionnaire complexe
Amis, loisirs, vaches… ce qu'une commune peut demander pour vous naturaliser

La naturalisation en Suisse est un processus complexe – tout comme les questionnaires auxquels doivent se soumettre les candidats lors de l’entretien. Et parfois, cela frôle l’absurde. Blick fait le point sur les conditions à remplir pour obtenir le précieux sésame.
Publié: 02.05.2025 à 09:04 heures
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Ronny van Unen et Saskia Scheltes n'ont pas réussi à obtenir la nationalité suisse à Unteriberg.
Photo: Andreas Seeholzer/Bote der Urschweiz
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Sandra Marschner

À Unteriberg, dans le canton de Schwytz, un couple néerlandais s’est vu refuser la nationalité suisse. En cause: un cercle d’amis jugé trop restreint et une participation insuffisante à la vie sociale de la commune.

C'est un fait, le parcours vers le passeport rouge à croix blanche est semé d’embûches. Régulièrement, des cas individuels d’étrangers font les gros titres. Blick fait le point sur les conditions à remplir et sur ce qui attend les candidats lors de l’entretien de naturalisation.

Trois voies pour devenir Suisse

Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) distingue trois formes de naturalisation:

  1. La procédure ordinaire: accessible à toute personne ayant résidé au moins dix ans en Suisse, dont trois sur les cinq dernières années précédant la demande, à condition de détenir un permis C (permis d’établissement).
  2. La procédure facilitée: destinée notamment aux conjoints de citoyens suisses ou aux personnes de la troisième génération nées en Suisse.
  3. La réintégration: pour les anciens Suisses ayant perdu leur nationalité et souhaitant la récupérer.

Un processus qui varie selon les cantons

Chaque canton et chaque commune applique ses propres règles. Mais certaines exigences sont communes à tous: une bonne maîtrise de la langue nationale locale, un test écrit de connaissances de base est également généralement nécessaire. On demande entre autres des connaissances sur l'histoire, la politique et la géographie de la Suisse et du canton concerné. Les droits et les devoirs des citoyens sont également abordés. 

À cela s’ajoute un entretien de naturalisation, destiné à mieux connaître la personne et son intégration dans la commune. Les questions peuvent porter sur les coutumes locales, les traditions, ou encore sur la vie quotidienne. Sont également pris en compte le comportement personnel, la situation financière et l’absence de condamnations.

Des questions parfois… surprenantes

En 2023, le journal «Freier Schweizer» a mené une enquête sur les questions posées lors des entretiens dans les communes du canton de Schwytz. Résultat: le nombre de questions, tout comme les exigences, varient fortement selon l’endroit. À Oberiberg, par exemple, on attend du candidat qu’il sache ce qu’est un Chlefäli (un instrument de percussion en bois), qu’il connaisse les Oberällmiger (membres d’une corporation foncière locale) et qu’il soit capable de nommer un groupe de rock de la région.

Il s'agit ainsi de déterminer à quel point les connaissances sur la commune sont profondes. Dans d'autres agglomérations, on peut d'ailleurs vous demander: «De quelle couleur sont la plupart des vaches de la commune?» Les attentes divergent souvent nettement d'une commune à l'autre et même d'un canton à l'autre.

Questions personnelles et suggestives

Rubar Ak, une Kurde turque, a partagé son expérience lors de son entretien de naturalisation dans le chef-lieu de Schwytz. On lui a posé des questions sur sa vie amoureuse et ses habitudes de sortie. Par ailleurs, il était aussi attendu d'elle qu'elle cite le prénom et le nom de cinq amies vivant sur place avec leur nom complet. Dans son cas, la demande a abouti positivement – à la différence du couple néerlandais.

À Buchs (AG), la Turque Funda Yilmaz a elle aussi été confrontée à des questions très personnelles: «Qui sont vos amis à Buchs?» Elle a alors expliqué que ses principales connaissances ne vivaient pas dans la commune. Elle a alors dû indiquer précisément où celles-ci résidaient.

Un niveau d’exigence parfois étonnant

Le niveau de détail exigé peut surprendre. Funda Yilmaz, par exemple, a été interrogée sur sa gestion des déchets. Elle a expliqué qu’elle triait ses déchets et les déposait au centre de recyclage. Mais cela ne suffisait pas: elle aurait aussi dû connaître les autres lieux de collecte de sa région et citer des termes clés comme «ramassage des déchets verts» ou «bouteilles en PET». Ses connaissances ont donc été qualifiées de «très lacunaires».

L’entretien a aussi porté sur ses loisirs. Elle a mentionné le fitness, la natation à la piscine de Buchs, les promenades et les sorties entre amis — suffisamment d’activités selon elle, d’autant plus que son métier de dessinatrice en bâtiment lui permet d’exprimer sa créativité. Mais le fait qu’elle ne soit inscrite dans aucun club et qu’elle ne connaisse pas la structure communale appelée «Atelier loisirs» a joué en sa défaveur.

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