L’hiver – sans pénurie d’électricité – est à peine terminé que le ministre de l’Énergie Albert Rösti (UDC) envisage déjà le pire pour la prochaine saison froide. Il lance un appel pour la réduction de la température des chauffages. «Cet hiver, nous avons eu de la chance sur le plan météorologique», a-t-il souligné, lors d'une conférence à Berne jeudi.
Mais pas sûr que cela soit à nouveau le cas cette fin d’année. Il pourrait faire plus froid et y avoir encore moins d’électricité à importer. Un été sec serait également problématique pour la production d’énergie hydraulique. Pour le conseiller fédéral, il est judicieux d’anticiper le problème pour éviter des dépenses excessives par la suite.
Les détaillants atteignent leurs limites
Mais dans quelle mesure est-il encore possible d’économiser de l’électricité? Lors d’une rencontre de l’Initiative économies d’énergie Hiver, différents représentants de l’économie ont présenté les solutions qu’ils ont appliquées au cours des derniers mois.
Pour Dagmar Jenni, directrice de l’association du commerce de détail Swiss Retail Federation, il n’y a pas de doute: les magasins atteignent leurs limites en matière de mesures hivernales d’économie d’énergie En octobre, la fédération du commerce de détail avait proposé 37 mesures d’économie, dont des températures plus basses dans les magasins, moins d’éclairage ou l’abandon de l’éclairage décoratif. Il serait difficile d’aller plus loin, a avancé Dagmar Jenni.
«Il faut bien sûr aussi des mesures techniques pour faire des économies, notamment dans les entreprises», a acquiescé le conseiller fédéral Albert Rösti. Une solution prévue dans la loi fédérale relative à un approvisionnement en électricité sûr: permettre de «vendre» des mesures d’économie par le biais de conseils et de recommandations pour de nouveaux appareils, moins gourmand en énergie.
Les entreprises de commerce de détail ont déjà beaucoup économisé, rappelle Dagmar Jenni. En cas de pénurie – et donc possiblement de contingentement de l’électricité – il ne faudrait pas pénaliser les entreprises qui ont volontairement fait des économies. Une revendication que la directrice de faîtière a déposée auprès du Conseil fédéral.
Des économies d’énergie sur plusieurs années
La population doit également faire des économies. Peut-être même au-delà de l’hiver prochain, estime Albert Rösti. Dans les années à venir, le risque de pénurie subsiste pour la Suisse. Il faut désormais développer rapidement la production d’électricité d’hiver. C’est-à-dire, construire des barrages plus hauts, plus d’installations solaires dans les Alpes et plus d’éoliennes. «Là, on parle de solution sur cinq à dix ans dans le meilleur des cas», souligne le ministre de l’Énergie.
Pour cela, le Conseil fédéral compte sur la participation de toutes les personnes vivant en Suisse. L’objectif de 10% d’économie d’énergie n’a pas été atteint cette année: une diminution de 4% seulement a été enregistrée, dont 1% en raison de la température élevée de l’hiver. Les efforts ont été plus conséquents pour le gaz: entre octobre et mars, 5800 gigawattheures de gaz ont été économisés, ce qui correspond à quatre fois la consommation annuelle de gaz du canton de Bâle-Ville.