Les Suisses et Suissesses se sont un peu relâchés sur les derniers mètres. En mars, le pays a réussi à économiser sur le gaz à la hauteur de 13,9% – et n'a donc pas atteint l'objectif de 15% de réduction. C'est ce que montrent les derniers chiffres du tableau de bord énergétique de la Confédération.
Ce n'est cependant qu'un petit bémol: au cours des mois d'hiver, la Suisse a largement atteint l'objectif d'économie fixé par le Conseil fédéral. Le but était de réduire la consommation de gaz de 3997 gigawattheures d'octobre à mars. Or, 5547 gigawattheures ont été économisés, dépassant ainsi l'objectif d'économie de gaz de 39%.
Des températures douces
La population a entamé ce succès l'année dernière. En octobre 2022, la consommation de gaz a diminué de près de 40% par rapport aux années précédentes. En novembre également, ce chiffre était encore de près de 30%. Au cours des trois mois suivants, la baisse de consommation n'a toutefois que légèrement dépassé la barre des 15%.
Au sein de l'administration fédérale, on se réjouit de ce succès. «Non seulement en Suisse, mais dans toute l'Europe, on a consommé nettement moins de gaz que ces dernières années», explique Marianne Zünd de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN). «Cela s'explique d'une part par les températures douces, mais aussi par le prix élevé du gaz.»
L'industrie, en particulier, aurait réagi de manière très sensible aux prix du gaz. Des entreprises auraient par exemple temporairement arrêté complètement une ligne de production.
Passage au mazout
Mais les économies de gaz ont aussi été réalisées en passant à d'autres sources d'énergie. «Beaucoup d'exploitants des quelque 800 installations bicombustibles (qui peuvent passer du gaz au mazout) ont mis en œuvre la recommandation du Conseil fédéral de passer au mazout, valable jusqu'à fin mars 2023», rapporte Marianne Zünd.
Enfin, la porte-parole de l'OFEN voit une autre raison dans l'appel aux économies d'énergie volontaires. «Les ménages équipés de chauffages au gaz ont également ressenti les fortes hausses de prix, ont réglé leurs chauffages plus bas et ont ainsi contribué en partie à l'effet d'économie.»
Prolonger l'objectif jusqu'en 2024?
Et la Confédération ne veut pas se reposer sur ses lauriers. Au contraire, elle planifie déjà l'hiver prochain. «Nous examinons actuellement la poursuite de l'objectif volontaire d'économie de gaz», explique Marianne Zünd.
L'Union européenne (UE) a en effet déjà prolongé l'objectif de 15% jusqu'à fin mars 2024. Il ne serait donc pas étonnant que le Conseil fédéral suive – et se montre solidaire comme il l'a fait jusqu'à présent. Une prolongation est également logique. En effet, la situation de l'approvisionnement reste tendue, car il existe quelques incertitudes en vue de l'hiver prochain.
Ainsi, on ne sait pas si les réservoirs de gaz européens pourront être suffisamment remplis d'ici à l'automne. De plus, la Norvège prévoit des travaux de maintenance sur son infrastructure gazière et la demande de gaz liquéfié augmente en Asie. Ce qui renforce la concurrence.
On ne sait pas non plus si – notamment à l'étranger – il faudra produire plus de gaz en électricité dans le cas où, par exemple, les centrales hydroélectriques ou nucléaires pourraient moins produire en raison de la sécheresse. En outre, Marianne Zünd évoque le risque d'une saison hivernale nettement plus froide.
L'objectif d'économie d'électricité n'est pas atteint
Les efforts suisses ne se valent toutefois pas lorsqu'il s'agit d'économies d'électricité. Le pays ne parvient en effet pas à réduire sa consommation de ce type d'énergie.
Les données de mars ne sont pas encore disponibles. Mais il est d'ores et déjà clair que l'objectif de 10% de réduction de la consommation ne sera pas atteint.